Bien qu’il n’y ait pas de tanks directement autour de la Moukata la dernière fois que j’ai vu Yasser Arafat, ce bâtiment n’était qu’une ruine où Arafat faisait semblant de gouverner et se souvenait continuellement du passé alors qu’il n’était que le prisonnier d’une brutale puissance coloniale. À l’époque de ma visite, je venais tenter de le convaincre de laisser le pouvoir à Abu Mazen. Il me répondit qu’il ferait ce qui serait nécessaire et il repartit sur une anecdote du passé prouvant la pertinence de son jugement. Il utilisait toujours le passé pour protéger son pouvoir en dépit de l’évidence de la corruption dans l’Autorité palestinienne et de ses échecs dont la population palestinienne souffrait. C’est également en raison du passé et pour ne pas afficher de division face à Israël et aux États-Unis que les Palestiniens ne contestèrent jamais son autorité.
Arafat n’avait aucune des qualités nécessaires à la direction d’un État moderne. Il n’avait pas la force de s’attaquer aux terroristes mais, malheureusement, ses successeurs sont encore moins forts car ils ne peuvent pas s’appuyer sur le passé. On va probablement voir émerger une coalition autour du Fatah pour lui succéder, mais elle ne durera pas et le Hamas et Israël travailleront de concert pour la détruire. Pour éviter une catastrophique prise de Gaza par le Hamas, il faut une force internationale d’interposition et un engagement de George W. Bush en faveur de l’évacuation de la Cisjordanie par Israël.
Les deux camps ont intérêt à faire la paix, mais je pense qu’il faudra une nouvelle génération de dirigeants des deux côtés pour y parvenir. Il faudra également un engagement états-unien similaire à celui de Dayton pour la Bosnie.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

« Arafat failed either to make peace or lead a successful revolt - and his people suffered », par Douglas Hurd, The Independent, 12 novembre 2004