La dernière scène de Colin Powell a été une dure mais poignante exposition de sa désillusion et de son humiliation. L’ancien général s’est toujours vu comme un homme discipliné et prêt au sacrifice mais George W. Bush, Dick Cheney et Donald Rumsfeld l’ont utilisé comme un outil, profitant de son statut d’homme le plus populaire des États-Unis dans leur intérêt. Puis, quand il a fait preuve d’indépendance, il a été isolé et son travail sapé.
Il est devenu une figure périphérique depuis son discours à l’ONU où il a présenté 26 fausses preuves. Son projet pour l’Irak a été rejeté bien qu’il prévoyait tous les problèmes à venir. Powell voulait rester les six premiers mois du second mandat Bush pour aider à la relance du processus de paix israélo-palestinien, mais le président a exigé sa démission immédiate pour mettre Condoleezza Rice à sa place, malgré l’incompétence dont cette dernière a fait preuve à la tête du National Security Council.
Si on ajoute à cela les purges à la CIA, on note que l’on est en train d’assister à la nuit des longs couteaux des néo-conservateurs. La CIA a été condamnée pour son insubordination. On peut s’attendre à une action similaire au département d’État. Toutes les voix dissonantes sont éliminées. Ce n’est plus une administration, c’est un régime !

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Colin and the crazies », par Sidney Blumenthal, The Guardian, 18 novembre 2004.