Le 19 novembre, le Club de Paris a décidé d’annuler 80 % des 120 milliards de la dette irakienne. C’était bien le minimum si on considère que la plupart des prêts étaient douteux dès le départ, mais là-dessus le club reste muet. Le club, coordonné par le ministre français des Finances, comprend 19 gouvernements comme membres permanents et a un grand impact sur les autres gouvernements. Son but est de trouver des solutions coordonnées et soutenables pour régler les problèmes de paiements des pays endettés, qui sont souvent des pays dictatoriaux. Il recalcule ou annule les dettes comme il l’a fait pour l’Irak. Toutefois, avec cette prestigieuse institution, on oublie trop souvent que ce club est un moyen pratique pour les gouvernements démocratiques d’effacer les prêts cachés accordés honteusement aux dictatures.
Les populations démocratiques ne sont pas averties que leur propre gouvernement utilise leurs impôts pour financer des régimes dictatoriaux. Un club de voyous pour des États voyous. Les principaux bailleurs de fonds de Saddam Hussein étaient la France, l’Allemagne et la Russie. Ces trois pays, les principaux opposants au renversement du régime de Saddam Hussein, voulaient une réduction de 50 % de la dette alors que les États-Unis et le Royaume-Uni voulaient une réduction de 95 %. Le compromis de 80 % est assez bon pour la nouvelle démocratie irakienne, mais cela ne règle pas le problème des prêts aux dictatures.
Un gouvernement despotique qui utilise l’argent sans le consentement de sa population et l’utilise pour acheter des armes, des palais, oppresser son peuple et corrompre les élites politiques occidentales crée une obligation qui n’est qu’une dette corrompue. Un peuple libéré doit-il rembourser cela ? Les pays libres ne devraient pas avoir à prouver que la dette est illégitime. C’est aux créanciers de prouver que leurs dettes sont légitimes. Pourtant, il existe des arguments contre l’annulation de la dette, notamment que le respect du droit exige que tout contrat doit être honoré ; toutefois, le respect du droit est fondé sur une société de citoyens libres. On ne peut invoquer le respect du droit pour justifier des dettes qui ont été à l’encontre du droit. En outre, le non-remboursement de cette dette ne perturbera pas l’économie mondiale.
Les dettes corrompues devraient toujours être annulées, c’est une question d’éthique.
« Stop financing dictators », par Sylvian Charat, Jerusalem Post, 21 novembre 2004.
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