Il semble que la Cour suprême ukrainienne va bientôt déclarer l’élection présidentielle invalide. Le Parlement va désigner une nouvelle Commission électorale et fixer une nouvelle date d’élection, probablement le 19 décembre. Si on regarde en arrière, il est surprenant de voir à quel point toute cette stratégie était prévisible. Quand je me suis rendu en Ukraine en juillet, nombreux étaient ceux qui affirmaient que Viktor Yushchenko serait le vrai vainqueur de l’élection, que Yanukovych truquerait les résultats et que les manifestants allaient descendre dans la rue comme en Géorgie. C’est exactement ce qui s’est passé.
Yanukovych a ajouté 1,7 millions de voix à son total (5,5 % des votes) et si on ne les compte pas, Yushchenko est le vrai vainqueur de l’élection avec une marge de trois points. Les deux tours de l’élection ont été également marqués par la désinformation et la répression émanant du pouvoir en place. Dans une élection juste, Yushchenko aurait gagné à une large majorité. Aujourd’hui, il semble avoir gagné son pari et les Ukrainiens ont balayé les mauvais stéréotypes le concernant.
Les Ukrainiens ont acquis leur indépendance en 1991, mais aujourd’hui, ils l’ont gagnée par une révolution pacifique. La grande question dans cette élection n’est pas la langue ou l’ethnie, c’est la démocratie. Maintenant qu’une majorité claire s’est dégagée, il faut gagner les centres du pouvoir. Le Parlement a déclaré que l’élection n’était pas valide et a révoqué la Commission électorale. Les autres acteurs majeurs de ce drame sont la police, la justice et les médias. Il semble que de larges pans de la police soutiennent Yushchenko et le ralliement au candidat de l’opposition de l’opportuniste ancien ministre de la Défense Evgueni Martchouk est un signe réconfortant. La Cour suprême a décidé de faire son travail et cela devrait bénéficier à l’opposition. Les journalistes, fatigués de la propagande officielle rejoignent Yushchenko. Le problème vient des régions de l’Est de l’Ukraine, toujours dictatoriales, mais la population va, là aussi, se soulever contre ses oppresseurs.
J’ai été agréablement surpris par les réactions occidentales mais comme l’a expliqué Stephen Sestanovich, dans la campagne ukrainienne, Vladimir Poutine a réussi à rassembler les États-Unis et l’Union européenne contre lui. Il faut maintenant organiser un nouveau second tour aussi vite que possible et que le nouveau gouvernement puisse engager un programme de réformes.
« Now Ukraine Has Earned Its Independence », par Anders Aslund, Moscow Times, 1er décembre 2004.
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