Un habitant du Proche-Orient qui aurait vécu ici des années 60 aux années 80 et ne reviendrait qu’aujourd’hui ne croirait pas à ce qui se passe : le président syrien offre une ouverture des négociations sans conditions et le Premier ministre israélien refuse.
Les pays arabes qui avaient d’abord nié toute possibilité de paix avec Israël se sont tournés progressivement vers l’optique « les territoires contre la paix » et ne demandent plus qu’un retrait israélien en échange de la reconnaissance d’Israël. Ce fut sur cette base que l’on parvint à des accords de paix avec l’Égypte et la Jordanie et que les négociations avec les Palestiniens furent conduites. À partir de 1993, c’est également sur cette base que des discussions avec la Syrie commencèrent. Entre novembre 1995 et mars 1996, j’ai dirigé l’équipe de négociation israélienne qui discutait avec la Syrie. Nous avons débattu d’un accord de retrait du Golan accompagné de contreparties de sécurité empêchant une attaque surprise de la Syrie et concernant l’eau. Nous étions proches d’un accord quand une série d’attentats du Hezbollah et du Hamas, inspirée si ce n’est pas aidée par la Syrie, a mis fin aux négociations.
Avec la Guerre d’Irak et la guerre au terrorisme, il faut changer d’approche. Israël doit continuer à combattre le terrorisme, mais il faut également accepter les revendications légitimes de ses voisins. Entamer des négociations sans conditions avec la Syrie serait un bon moyen de renforcer cette approche et légitimerait les efforts pour des relations pacifiques avec le nouveau régime palestinien. Cela créerait également une nouvelle atmosphère dans la région. Israël devra demander un cessez-le-feu total des terroristes et des garanties de sécurité telles qu’elles avaient été définies lors des pourparlers antérieurs. La Syrie demandera un retour aux frontières de 1967 et des accords commerciaux.
On connaît toujours plus ou moins quel sera le résultat final des négociations, mais on ne sait pas comment les commencer. Aujourd’hui, les changements politiques dans la région et aux États-Unis peuvent offrir de nouvelles opportunités de reprise des discussions. À Israël et à Ariel Sharon de ne pas passer à côté.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Say yes to Syria », Uri Savir, Jerusalem Post 12 décembre 2004