Frank J. Gaffney Jr, coordinateur des faucons, déplore dans le Washington Times que l’idée dominante à Washington soit désormais de faire pression sur Tel-Aviv pour qu’il négocie avec les Palestiniens. Cette pression est si forte qu’Ariel Sharon lui-même « trahit » son camp et abandonne le rêve d’un Grand Israël en projetant d’évacuer Gaza. Les faucons soutiennent donc la minorité du Likoud.
Côté colombes, Ziad Asali note dans Gulf News que les élections en Palestine, devenues nécessaires après la mort d’Arafat, sont l’occasion de démocratiser l’Autorité palestinienne. Il se réjouit du sens de la responsabilité de Mahmoud Abbas, d’Ahmed Qorei et de Marwan Barghouti et espère que tous renonceront à la violence et parviendront à la paix. Certes, mais ce n’est probablement pas en disant aux Palestiniens que leur lutte de soixante ans fut vaine et qu’ils doivent baisser les armes devant l’occupant que M. Abbas trouvera la légitimité dont il a besoin.
C’est d’ailleurs la question que se pose Joseph Biden dans le Los Angeles Times : M. Abbas a la volonté de faire la paix à tout prix, mais en a-t-il le pouvoir ? Au passage, le sénateur laisse tomber les accusations états-uniennes vis-à-vis de l’Autorité palestinienne pour les déplacer vers la Syrie et l’Iran. Ce sont désormais ces deux gouvernements qui sont accusés de soutenir le « terrorisme ».

À propos de l’Iran, les professeurs Vali Nasr et Ali Gheissari mettent en évidence dans l’International Herald Tribune la montée en puissance des Gardiens de la révolution. Ce corps, qui représente un tiers des forces armées, contrôle la politique nucléaire. C’est donc avec lui qu’il faut négocier, au besoin en jouant sur les rivalités qui l’opposent aux autres factions au pouvoir à Téhéran. Cette analyse nous paraît plus proche de la réalité que les précédentes. Nous avons souvent indiqué qu’il existe trois principales sources de légitimité politique en Iran : celle de la religion, celle des anciens combattants de la guerre Iran-Irak, et celle du bazar. Dans la rhétorique occidentale, les deux premiers groupes sont qualifiés de « conservateurs » parce qu’ils se réclament de l’héritage de l’imam Khomeyni, tandis que le troisième est « réformateur » parce qu’il prône l’ouverture commerciale. Ces qualifications ne rendent pas compte des programmes politiques de chacun et induisent des contre-sens dans la mesure où les « conservateurs » sont fidèles à la révolution islamique, tandis que les « réformateurs » cherchent à réhabiliter des éléments occidentalisés jadis compromis avec la dictature du shah.
L’ambassadeur Stuart E. Eizenstat considère dans l’International Herald Tribune que les négociations de la troïka européenne avec l’Iran seront l’occasion de tester la fiabilité de la politique étrangère européenne. Il attend des Européens qu’ils parviennent à convaincre les Iraniens de renoncer à leur programme nucléaire et de cesser leur soutien au « terrorisme » (c’est-à-dire aux organisations armées palestiniennes et libanaises de résistance à l’occupation israélienne). À noter que, à ses yeux, la troïka représente l’Union européenne et la crédibilité de sa diplomatie se mesure à sa capacité à défendre les analyses et intérêts des États-Unis et d’Israël.

Enfin, le journaliste Peter Bergen assure dans le Los Angeles Times que, pour les États-Unis, le vrai danger avec le terrorisme islamique n’est ni avec les musulmans d’Orient, ni avec ceux qui résident sur le sol américain, mais avec ceux d’Europe. La vieille Europe serait par tradition intolérante et susciterait ainsi une rancœur qui se tournerait pourtant vers le nouveau continent.