Deux jours après le tsunami, George W. Bush était en vacances dans son ranch de Crawford et n’avait fait aucune déclaration publique. Les États-Unis offraient alors 15 millions de dollars, ce qui représente deux millions de dollars de moins que le salaire annuel le plus haut dans l’équipe de base-ball des Red Sox. Le 27 décembre, le coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU, Jan Egeland, décrivait les nations riches comme des « pingres » et le lendemain, Bill Clinton affirmait que face à ces horreurs, il fallait une puissante manifestation d’autorité. Aujourd’hui, le porte-parole de la Maison-Blanche rassure la nation sur le bon déroulement des vacances présidentielles, affirme que l’aide versée serait accrue de 35 millions de dollars et que le président avait en fait attendu d’avoir tous les éléments en main pour faire une déclaration.
En réalité, pour Bush, la guerre au terrorisme est l’alpha et l’oméga de la politique étrangère et il n’est pas venu à l’esprit de son administration qu’il serait de bonne politique de se montrer généreux avec une région musulmane. Finalement, une semaine après, face aux critiques, le président a recruté son père et Clinton pour trouver des fonds privé et les États-Unis offrent finalement 350 millions de dollars supplémentaire.
En fait, la catastrophe sert aujourd’hui à dissimuler la répression orchestrée par les militaires indonésiens contre les mouvements indépendantistes de Banda Aceh, une répression brutale qui emprunte sa justification à la rhétorique de la guerre au terrorisme et de la Guerre d’Irak. Depuis longtemps, Paul Wolfowitz milite pour annuler les restrictions aux aides aux militaires indonésiens, ne doutons pas qu’il va profiter de l’occasion pour renouveler ses efforts. Dans cette affaire, la carence morale accompagne le manque de stratégie claire.
« The neocons have a hand in Aceh, too », par Sidney Blumenthal, The Guardian, 6 janvier 2004.
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