Le président Obama a réuni pour la première fois son Conseil pour la reprise économique, mercredi 20 mai 2009. Cet organe, dirigé par Paul Vocker, rassemble des personnalités qualifiées (chefs d’entreprise, syndicalistes, économistes) essentiellement pour valider les stratégies élaborées par les autres équipes de la Maison-Blanche et s’assurer qu’elles permettent de poursuivre la globalisation économique au profit des entreprises US. Il tiendra une session chaque trimestre.
Conformément à ses engagements de campagne, le président Obama a présenté devant le Conseil la réduction obligatoire mondiale des gaz à effet de serre comme stratégie économique globale assurant un avantage compétitif aux industries du Nord et limitant le développement industriel des pays concurrents du Sud. En outre, cette mesure —qui sera négociée en fin d’année à la conférence de Copenhague— constituerait un pas significatif dans la globalisation avec l’élaboration de normes mondiales de production.
Cette stratégie est poussée par une partie de l’establishment US et surtout par le Royaume-Uni qui rétribue Albert Gore depuis plusieurs années pour lui donner une justification écologique. Elle se heurte à l’opposition d’une partie du patronat, notamment la puissante National Association of Manufacturers (NAM).
Cependant, de nombreux membres ou proches de la nouvelle administration sont d’anciens lobbyistes du Bipartisan Policy Center, favorable à la réduction mondiale obligatoire. C’était par exemple le cas de Thomas A. Daschle (qui devait être le numéro trois de l’Exécutif, mais n’a pas été confirmé par le Sénat), de George Mitchell (envoyé spécial au Proche-Orient), de John Holdren (assistant du président pour la Technologie), ou encore du général James L. Jones (conseiller de sécurité nationale). Leur action était financée par un groupe principalement composé par Excelon (centrales nucléaires), Lockeed-Martin (avions et matériels de guerre), Johnson & Johnson (pharmacie et droguerie), Ford (automobiles) et ConocoPhilips (pétrochimie).
La session du Conseil pour la reprise économique a été introduite par un exposé de John Doerr, le lobbyiste des entreprises de la Silicon Valley (Compaq, Netscape, Symantec, Sun Microsystems, Amazon, Intuit, Google, etc.) [voir document téléchargeable au bas de cette page].
La réunion a été mise en scène pour briser l’opposition de la National Association of Manufacturers (NAM). Le Pdg de Caterpillar, James W. Owens, qui siège à titre personnel au Conseil et dont la société est administratrice de la NAM, s’est prononcé pour la réduction mondiale obligatoire. En réalité, M. Owens s’était depuis longtemps rapproché d’Albert Gore et siège à ses côtés au World Resources Institute.
Simultanément, Duke Energy (également membre du World Resources Institute) a annoncé son retrait de la National Association of Manufacturers (NAM) tant qu’elle ne changerait pas de position sur ce point. Cette compagnie d’électricité est administrée notamment par Mary Schapiro que Barack Obama a nommé à la présidence de la Commission de contrôle des marchés financiers (SEC). De son côté Nike (vêtements de sports) a multiplié les pressions sur diverses organisations patronales pour qu’elles prennent position pour une législation globale contraignante (la présidente de la fondation Nike vient d’être nommée par Obama à la direction de l’AmeriCorps).
Il est encore trop tôt pour dire si cette offensive portera ses fruits et aboutira à un soutien patronal US massif au Protocole de Kyoto. Quoi qu’il en soit, indépendamment du débat sur le bien-fondé écologique de cette mesure, il importe d’analyser les clivages d’intérêts qu’elle fait surgir entre les firmes transnationales.
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