Le Kremlin doit expliquer sa stratégie au pays et au monde, pour le bien de ses citoyens et pour l’image du pays.
En France, les périodes de crise internationale sont propices à une humeur pro-russse comme on le constate au sujet de l’Irak. Par contre, au moment de la crise de Beslan, un journal quotidien a été jusqu’à voir dans ces évènements en Ossétie du Nord, un coup monté par Vladimir Poutine.
La nationalisation de fait de « Iouganskneftegaz », épilogue de l’affaire Yukos, est présentée en Occident comme une machination des plus sombres. Curieusement, la France, après 1945, a nationalisé une partie de son industrie avec succès pour assurer son redressement. Ce « capitalisme d’État » a assuré à Renault sa place de constructeur automobile de rang international et a permis à EADS de devenir un concurrent des États-Unis dans l’industrie aéronautique. Le jeu des médias qui préfèrent l’émotion de la télé-réalité à l’analyse en profondeur est une des causes de cette image caricaturale. Des raisons politiques expliquent aussi cette piètre image de la Russie présentée dans les médias, particulièrement aux États-Unis.
Depuis la crise de 1998 et le gouvernement de Primakov, les médias américains parlent sans cesse de « resoviétisation ». Ces accusations de retour au soviétisme reviennent à chaque fois que le gouvernement russe adopte une politique qui ne correspond pas aux médiocres intérêts du monde financier. En 1997, la presse états-unienne présentait la Russie comme un eldorado, ce fut moins bon dès qu’on y constata une croissance économique et les critiques sont acerbes depuis la prise de position contre la guerre en Irak. Une partie de la presse européenne a adopté ce ton critique, parce qu’elle est soit par idéologie, soit pour des raisons économiques, plus dépendante des Américains.
Un exemple, l’attitude au sujet des élections en Ukraine. La moindre intervention de Poutine pendant la campagne a déclenché de vives critiques, alors que le financement de la campagne de Viktor Yushchenko par des fonds américains est un fait reconnu.
Si le gouvernement avait mieux communiqué, les Européens auraient compris la volonté des Russes de réparer les erreurs commises entre 1992 et 1998, de réapprendre à utiliser les leviers économiques pour redresser le pays. Ils auraient compris qu’un gouvernement ne peut tolérer les rentes économiques de quelques magnats qui prennent la population en otage.
« КАК ИЗБАВИТЬСЯ ОТ ДВОЙСТВЕННОГО ОБРАЗА », par Jacques Sapir, Nezavissimaïa Gazeta, 2 Février 2005.
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