L’amiral Dennis Blair, directeur national du Renseignement (photo), a révélé le 15 septembre 2009 que les divers services US d’espionnage et d’action clandestine emploient aujourd’hui plus de 200 000 hommes et disposent d’un budget cumulé de 75 milliards de dollars. Ces chiffres pharaoniques rendent compte de la fusion en cours des services civils et militaires, a t-il précisé.
Cette information appelle plusieurs commentaires :
– Dans la période dite « post-11-Septembre » (ou plus prosaïquement, depuis le rapport Baker Hamilton et la démission de Donald Rumsfeld, fin 2006), la distinction entre civils et militaires, chère aux démocratie, continue à s’estomper selon le vœux du secrétaire Rumsfeld.
– Au cours du même point de presse, l’amiral Dennis Blair a confirmé son souhait ne plus choisir automatiquement le chef de poste CIA local comme son représentant personnel dans un État étranger. La coordination locale inter-agences pourrait revenir à d’autres fonctionnaires. Dans la pratique, la diminution du pouvoir de la CIA profite au département de la Défense et confirme le processus de militarisation généralisée de toutes les institutions US.
– Avec une dotation annuelle de 75 milliards de dollars, le budget renseignement/action secrète des États-Unis a triplé depuis la disparition de l’Union soviétique. Il importe donc de ne plus du tout envisager cet appareil comme un reliquat de la Guerre froide, mais bien au contraire comme un instrument caractéristique de « l’ère de la globalisation ».
– En vertu des accords UK-USA de 1948, auxquels se sont joints le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, les services de renseignement anglo-saxons doivent être considérés comme un ensemble supra-national. Ils emploient alors plus de 250 000 hommes et ont un budget cumulé de plus de 100 milliards de dollars.
– À titre de repère, le budget cumulé des services secrets russes et de leurs alliés immédiats (Abkhazie, Ossétie du Sud, Transnistrie, Belarus) est de l’ordre de 5 milliards de dollars, soit 15 fois moins. Il s’ensuit qu’il existe une différence de nature entre les services anglo-saxons et ceux des autres groupes d’État dans le monde : seuls les premiers répondent à une ambition impériale, les autres se cantonnent dans le cadre classique de la protection des États-nations.
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