Le citoyen a le droit à une protection effective de ses droits, à la liberté et à la sécurité ; il a aussi le droit d’être protégé des décisions irréfléchies de l’État. Les attentats du 11 septembre 2001 ont été un choc mais ils n’ont pas changé le monde. Il y a déjà eu par le passé des attentats suicides par aveuglement religieux, des détournements d’avions, des attentats à l’explosif qui firent de nombreux morts. Ce qui est nouveau, c’est l’ampleur de la provocation et du crime. Ce qui est nouveau et faux, c’est l’idée que l’on peut vaincre le terrorisme par la guerre. Ce qui est mal venu, c’est le désintérêt pour la question : pourquoi les auteurs de l’attentat, familiers du langage de l’Occident, ont précisément pris pour cible le Pentagone et le World Trade Center ?
Ce n’est pas avec les gros sabots du pouvoir que l’État est venu à bout de la Fraction armée rouge, alliée au crime organisé, mais par une mise sous tutelle silencieuse et bienveillante. Désormais c’est la détention préventive, la surveillance électronique des données, de la voix, des informations bancaires, la conservation des données concernant les gens dont la personnalité les prédispose à commettre un crime dans l’avenir. Nous avons vécu la chasse aux " islamistes dormants ", le droit des étrangers semble avoir disparu des catégories policières. Et la liste des atteintes aux libertés n’est pas exhaustive. Nous devons décider si nous voulons rester un État de droit ou non. C’est un devoir important pour l’État de protéger les droits des citoyens mais il n’est pas pour autant omnipotent parce que son parlement est démocratiquement élu.
Nous avons besoin d’un gouvernement qui garde la mesure, d’un parlement qui s’oppose à une loi, non en fonction de l’arithmétique des courants, mais parce qu’elle bouleverse fondamentalement notre culture juridique. Les nouvelles frontières constitutionnelles ne nous diront pas comment apaiser les conflits ethniques, économiques ou culturels qui pullulent. Il ne peut pas y avoir de liberté culturelle sans liberté collective. La liberté individuelle et le droit à une vie privée sont les valeurs centrales de notre loi fondamentale. C’est aussi ce qui fait la force intégrante de notre constitution. " On combat les ennemis de l’État de droit en améliorant celui-ci, on ne défend pas la liberté en la restreignant ", c’était la conception humaniste d’Otto Schilly en 1978 et c’est encore valable aujourd’hui.
« Wehret dem bitteren Ende ! », par Burkhard Hirsch, Die Zeit, 3 mars 2005. Ce texte est adapté d’une interview.
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