J’ai appris la mort de mon père, Aslan Maskhadov par mes propres sources. J’espère que vous comprendrez que je ne peux pas vous dire précisément lesquelles. D’après ce que je sais, cela ne s’est pas passé comme l’ont raconté les médias russes. La maison dans laquelle il se trouvait n’était pas celle d’un ami ou d’un membre de la famille, il n’y avait aucun abris souterrain, ni aucun garde comme l’ont affirmé ceux qui ont tué le président. Après des négociations, il a réussi à obtenir la vie sauve pour ses trois camarades. Quand ceux-ci ont quitté le bâtiment, il a engagé le combat. Il a été tué par arme à feu.
J’ai entendu qu’on racontait qu’il était venu retrouver son frère qui aurait été pris en otage et que l’échange devait avoir lieu dans cette maison, mais c’est faux. Il était là depuis quelques jours. On a pu dire aussi qu’une dispute avait eu lieu entre lui et ses gardes du corps au sujet d’une rédition, mais je ne pense pas que cela soit possible. Il est possible qu’il ait été trahi, mais si c’est le cas, les forces de sécurité de la République tchétchène d’Ichkérie [1] se chargeront des coupables. Notre peuple ne pardonne pas la trahison. Mon père était contre cette guerre qui fait des morts des deux côtés, c’est pour cela qu’il avait proposé une trêve.
Je suis actuellement à l’étranger avec ma mère et ma sœur Fatima [2]. Nous avons entendu le procureur russe dire que le seul moyen de briser la résistance était d’arrêter les membres des familles des Boïevikis, des leaders. C’est ce qu’ils font depuis plusieurs années déjà. C’est pour cette raison que je ne peux me rendre en Tchétchénie et encore moins en Russie. Je ne reconnais pas le président Alkhanov, nous avons une constitution de la République tchétchène d’Ichkérie et d’après elle, notre président est Cheikh Abdul-Hakim Sadulaïev [3].

Source
Izvestia (Fédération de Russie)
Quotidien, diffusé à 430 000 exemplaires, fondé en 1917 comme la Pravda.

« НИКАКОГО ПОДРЫВА БУНКЕРА НЕ БЫЛО », par Anzor Maskhadov, Izvestia, 11 mars 2005. Ce texte est adapté d’une interview.

[1Nom de la Tchétchénie pour les séparatistes

[2ils sont réfugiés à Bakou

[3né en 1967, à Argoun pour les Tchétchènes et en Arabie saoudite selon Moscou.