Si vous vouliez une preuve confirmant le niveau de dysfonctionnement de la politique arabe, il vous suffit de constater que l’élection la plus libre qui ait été organisée dans le monde arabe à ce jour l’a été sous occupation israélienne. Les élections en Irak et en Palestine ont eu lieu dans des circonstances moins que légitimes, mais révèlent le désir des Arabes de pouvoir disposer de la liberté de choix. Toutefois, ces expériences ont également montré qu’il existé de grandes résistances à ces changements.
Le monde arabe est remarquable pour la longévité de ses dirigeants et son absence d’expérience démocratique. Quelles sont les chances de changements rapides et démocratiques dans ces pays ? La bonne nouvelle face à cette question est que jamais on a porté autant d’attention à la démocratie dans cette région et que les tensions sociales traditionnelles s’accompagnent aujourd’hui de tensions politiques entre ceux qui dirigent et ceux qui ne peuvent pas. On a vu au Bahreïn, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie des réponses aux attentes croissantes en faveur de l’ouverture des systèmes sclérosés, toutefois nous sommes loin de systèmes politiques ouverts.
Il serait bon que les modèles irakien et palestinien inspirent les démocrates dans le monde arabe, mais cela est douteux. Même si les Arabes peuvent être fascinés par ces modèles, ils sont effrayés par les problèmes qui en découlent. Dans ces conditions, l’envie de liberté n’aboutira pas vite et ce d’autant plus que les régimes actuels savent perdurer. Le conflit israélo-arabe servant d’excuse aux dirigeants arabes pour perdurer, l’administration Bush doit tenter de résoudre cette crise pour poursuivre la démocratisation du monde arabe. Ce sera long et il faut penser en termes de générations.

Source
International Herald Tribune (France)
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« It may take decades to loosen the rulers’ iron grip », Aaron David Miller, International Herald Tribune, 25 mars 2005.