La « révolution des tulipes », troisième « révolution colorée » après la « révolution orange » de 2004 en Ukraine et la « révolution des roses » de 2003 en Géorgie, a fait naître de grands espoirs pour le futur de plus de 10 millions d’Ouïgours qui vivent au Turkestan Oriental (Xinjiang). Cette région s’appelle actuellement « Région Autonome Ouïgour du Xinjiang ». C’est un territoire important d’un point de vue stratégique et géopolitique. C’est avec attention que les Ouïgours ont suivi sur Radio Free Europe les évènements de Bichkek au Kirghizstan et le départ d’ Akaïev pour Moscou. Cet évènement est le seul depuis longtemps à avoir apporté de l’espoir aux Ouïgours qui vivent sous le joug de Pékin, mais aussi à ceux qui subissent des persécutions en Asie centrale et particulièrement au Kazakhstan, l’un des principaux centre de leur diaspora.
Les Ouïgours sont turcomans et musulmans sunnites. Ils sont culturellement très liés à d’autres groupes ethniques qui vivent en Asie centrale. La plus célèbre dissidente, Rebiya Kadeer, est sortie de prison il y a un mois. Il est certain que la révolution au Kirghizistan va avoir une influence sur la situation au Turkestan Oriental. Après le 11 septembre, Pékin a utilisé le prétexte du combat contre le terrorisme pour justifier sa répression. Les prisonniers politiques sont nombreux, la torture courante et la peine de mort est appliquée pour des crimes politiques. On ferme des mosquées, l’utilisation de la langue ouïgoure est interdite et même des fonctionnaires et des membres du parti sont victimes de la répression.
De nombreux pays d’Asie centrale se sont alliés à Pékin dans ces actions, dans le but de renforcer leurs liens économiques. Pour les Chinois, il s’agit de renforcer le contrôle strict de cette région riche en ressources énergétiques. De nombreux Ouïgours réfugiés au Kirghizistan ont disparu, certains ont été déportés en Chine, le Premier ministre chinois avait d’ailleurs félicité Akaïev pour sa collaboration dans la lutte contre « le séparatisme et le terrorisme au Turkestan oriental ». La situation a déjà évolué et mon organisation a été invitée à une rencontre avec le nouveau gouvernement kirghize par une ONG basée à Vienne. Nous espérons que les Ouïgours pourront participer à la direction du pays au Kirghizistan, comme le veut la démocratie et comme nous le voyons aujourd’hui en Irak, en Afghanistan et dans d’autres pays. De nombreux Kirghizes, désormais au pouvoir, faisaient partie de la plate-forme anti-chinoise quand ils étaient dans l’opposition.
Il est trop tôt pour mesurer toutes les conséquences du renversement d’Akaïev dans la région, mais il est certain qu’une des tâches principales du nouveau gouvernement kirghize est la modification des relations avec Pékin. Les nouveaux dirigeants doivent savoir mieux que quiconque que les évènements récents au Kirghizistan sont un sérieux avertissement à tous les régimes dictatoriaux de la région, en premier lieu la Chine, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.
« ’Революция тюльпанов’ - предупреждение Китаю », par Nury Turkel, Inosmi.ru, 21 avril 2005.
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