Le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, s’est excusé pour le passé meurtrier de son pays, je pense que c’est sincère. Les Japonais souhaitent tout, sauf un conflit violent avec la Chine. Il est clair que du point de vue de la politique intérieure du Japon, un examen de l’histoire s’impose. Aucun consensus n’a été trouvé pour l’instant au sujet des massacres en Chine, c’est pour cela qu’en même temps que le Premier ministre présente des excuses, il est possible pour des parlementaires de se rendre au temple Yasukuni à Tokyo et d’honorer des criminels de guerre. Les deux pays sont dans une situation précaire car il faut absolument « sauver la face ».
Ce type de conflit est typique quand les rapports de force relatifs dans une région évoluent. Avec l’Indonésie et la Malaisie, la Chine et le Japon font partie de la région la plus dynamique économiquement. Si ces pays coopèrent, la région sera l’une des plus puissantes au monde dans 20 ou 30 ans. Les dirigeants de ces pays le savent, c’est pour cela qu’ils ne souhaitent pas de conflit. Ce conflit gène les États-Unis qui ont besoin de ces deux pays pour les épauler dans leurs négociations au sujet du programme nucléaire nord-coréen. Le rôle d’arbitre des États-uniens dans la région restera important pour les prochaines années, l’UE ayant un rôle de médiateur et de désamorçage des conflits.
La réconciliation sera possible si le passé est exhumé avec des symboles clairs, les excuses à la Chine sont trop timides. Les images qui me viennent à l’esprit sont celles des gouvernements sociaux-démocrates dans l’Europe des années 60 et 70. Willy Brandt s’agenouillant à Varsovie, Kohl et Mitterrand la main dans la main. La Chine et le Japon ont aussi besoin de cela, une franche poignée de main des deux dirigeants suffirait.
« Sind China und Japan auf dem Weg zur Versöhnung ? », par Otmar Höll, Der Standard, 22 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview.
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