Fischer a été convaincant lors de sa prestation télévisée, moins ennuyeux que prévu, avec tact et aveux. Il avait qualifié un jour le chancelier Kohl de « bouddha en chair ». On a aussi eu l’impression que Fischer s’était donné cet idéal : être le moins possible sensible a son environnement et poursuivre imperturbablement sa stratégie. Il a été offensif, il a attaqué les membres de l’opposition qui participent au gonflement du scandale, parlant de leur double morale, de leur propagande, des coups bas. Après la prestation de l’ancien ministre d’État Volmer (qui a donné son nom à la circulaire) la semaine dernière, on a pu voir qui était le plus habile. Cela a probablement amusé la galerie.
Fischer avait deux stratégies : d’abord il y a eu continuité de la politique des visas du gouvernement Kohl, ensuite, les dirigeants régionaux de la CDU et de la CSU avaient préconisé une politique encore plus libérale. C’est une bonne démonstration de la double morale. Les partisans de Fischer seront satisfaits de sa prestation, ses adversaires seront confortés dans leur idée qu’il est arrogant et prétentieux. Si par « américanisation » de la société on entend personnalisation de la vie politique, alors le personality show appelé « Joschka Fischer » est un bon exemple. La question est de savoir si autant de Fischer est bon pour Fischer. L’américanisation signifie aussi que tout est placé sous le diktat du divertissement. Ce qui sera décisif, c’est le traitement que les médias vont réserver à cette audience. Les plus sérieux critiqueront le fait qu’il n’a rien éclairci de l’affaire, les moins sérieux constateront qu’il a eu besoin de lire ses notes plus d’une fois.

Source
Die Tageszeitung (Allemagne)

« Die Frage ist, ob so viel Fischer gut ist für Fischer », par Hans-Jürgen Bucher, Die Tageszeitung, 26 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview.