A partir de 2006, l’Autriche va présider l’Union Européenne, après le Luxembourg super-européen et les Britanniques eurosceptiques. L’Autriche va trouver un compromis et ne fera pas passer ses intérêts nationaux les premiers, elle rendra service à l’Europe. On ne pourra pas s’en sortir avec des super-européanismes ou des vetos nationaux, mais avec des propositions constructives et un consensus durable. Les éléments sont déjà sur la table, il ne manque que la volonté politique.
Je suis absolument convaincu que cette Constitution est bonne, sinon je n’aurais pas participé pendant des années à son élaboration. J’espère que tous les pays vont la ratifier. On reconnaît cependant que la proposition que j’avais faite au début, sans qu’on y prête attention, d’organiser un référendum général en Europe aurait été très intelligente. Cela ne sert à rien de spéculer gratuitement. J’espère que la France va voter en faveur de cette Constitution car elle contient plus d’éléments sociaux que les précédents traités, un corps institutionnel plus svelte, des modalités de vote plus claires avec une majorité doublée. Tout cela était revendiqué par les Français.
Beaucoup de problèmes soulevés n’ont rien à voir avec la Constitution ; le chômage, la directive sur les services. Tous ces problèmes résultent de la structure juridique actuelle. On doit faire la promotion de ce traité et pas spéculer sur des conséquences funestes. Le parlement autrichien a ratifié la Constitution, bien que Jörg Haider ait exigé un référendum et demandé aux présidents de régions de ne pas signer la loi en question. Nous avons gagné tous les votes au parlement. Ceux qui se font du souci pour la stabilité du gouvernement d’union dont il fait partie (BZÖ, Union pour le Futur de l’Autriche) devraient juger nos résultats plutôt que le vacarme ambiant. Le référendum n’est pas nécessaire car la neutralité a été observée.

Source
Die Welt (Allemagne)

« Ich halte die EU-Verfassung für gut », par Wolfgang Schüssel, Die Welt, 23 mai 2005. Ce texte est adapté d’une interview dont nous n’avons traité que les parties concernant la Constitution européenne.