« Le climat va se durcir »

Ce résultat est un peu surprenant, je pensais que Rafsandjani avait de grandes chances de l’emporter. La faible participation a dû contribuer à faire gagner ces élections au nouveau président. Nous allons sans doute assister à un complet remaniement ministériel avec des nouveaux ministres moins orientés vers la réforme. Ce qui va changer concrètement : des concessions aux couches les plus pauvres. Reste à voir si l’on va assister à une véritable redistribution.
Nous devons nous méfier des préjugés envers les ultra-conservateurs...Bien sûr nous pouvons compter sur une plus grandes distance vis à vis de l’Occident. L’exemple de la Chine est parlant, on peut se développer économiquement et prendre une autre direction politiquement et idéologiquement. Pourquoi avons-nous besoin de l’Occident ? C’est la question qu’on se pose en Iran. Cela peut nous sembler peu raisonnable et peu moderne mais les gens ne s’en soucient pas. La communication sera sans doute plus difficile.
Une escalade est possible entre l’Iran et les États-Unis. Les Américains ont déjà déclaré que les élections n’étaient pas justes et que l’Iran s’éloigne de la démocratisation engagée dans la région. Une approche pragmatique semble désormais impossible. Je ne pense pas que la majorité de la jeunesse ait une orientation fondamentaliste. Il s’agit bien d’un changement de génération avec cette nouvelle élection, de l’arrivée d’une génération qui a fait ses premiers pas politiques en première ligne, à l’époque de la guerre contre l’Irak. Ce n’est pas la même expérience politique de la révolution, c’est là la grosse différence. Ces gens ont la conscience d’avoir combattu pendant huit ans et ils veulent avoir leur part, ils ne veulent plus se laisser faire par les gens riches du Nord de Téhéran qui ne parle que de démocratie. Il y a aussi différentes tendances au sein même des néo-conservateurs, ou des néo-fondamentalistes, entre les jeunes et les vieux.