Le nouveau remplacement éventuel de Dimitri Medvedev par Vladimir Poutine comme président de la Russie ou la permutation de ces deux postes est traitée par la presse internationale en termes de relations personnelles entre les deux hommes. Pour l’analyste mexicain Alfredo Jalife, décrire toute la politique russe uniquement en la personnalisant par ces deux personnages, est un artifice du monde des médias commerciaux mondiaux, pour masquer ce qui est réellement en jeu : le rétablissement de la souveraineté énergétique de la Russie et le rapprochement militaire avec les pays du BRICS, principalement avec la Chine.
Le retour du Premier ministre Vladimir Poutine, le tsar géo-énergétique global, comme candidat à la présidentielle marque un durcissement géostratégique de la Russie face à l’agonie du capitalisme débridé et aux menaces d’une nouvelle guerre mondiale par les circuits de la haute finance israélo-anglo-saxonne.
Un tel durcissement était prévisible après les multiples affrontements avec la Russie et la Chine, par ce qui reste de « l’occident » en pleine pulvérisation financière : la conquête du pétrole de la Libye ; l’installation d’un système de défense antimissile de l’OTAN dans la « périphérie immédiate » de la Russie ; les provocantes ventes d’armes US à Taiwan ; et les futures guerres de « l’Africom » pour le pétrole et le gaz, exposées à l’origine par le secrétaire d’État adjoint Johnnie Carson [1].
La malsaine désinformation des multimédias oligopolistiques israélo-anglo-saxons (voir la paire Rothschild-Murdoch depuis Fox News jusqu’à Sky) avait érigé une fantaisie narrative sur une confrontation incessante entre le président Medvedev et le Premier ministre sortant Poutine avec des intonations de guerre civile et une nouvelle balkanisation de la Russie.
Ce genre de multimédia de désinformation en sont même venus à afficher leurs préférences répugnantes : Medvedev, l’avocat « moderniste » et prooccidental, prêt à ouvrir le succulent marché d’hydrocarbures pour les transnationales de l’OTAN, contre l’anachronique chauvin Poutine, ancien membre du KGB, assoiffé de pouvoir autocratique.
À partir d’une caricature vulgaire des relations internes des forces en présence en Russie et conforme à leurs intérêts pétroliers, ces multimédias mensongers ont tenté de déformer la réalité qui montre aujourd’hui son aspect ridicule.
Personne ne revendique que la paire Poutine-Medvedev (dans cet ordre) soit inévitable ou qu’elle constitue le reflet de l’aigle bicéphale russe, mais il était clair que ce pays - superpuissance géostratégique nucléaire à l’égal des États-Unis et qui revient miraculeusement des cimetières géopolitiques de 1991, auxquelles elle avait été mené par Gorbatchev et Eltsine - a opéré sous la baguette de Poutine sa résurrection depuis 2000.
Celui qui réussit la résurrection géostratégique de la Russie, basée principalement sur la récupération de ses biens en hydrocarbures, est Poutine. La grande nation russe en est consciente.
Vous la connaissez bien par ses réactions furibardes, la ploutocratie néo-libérale oligarchique et oligopolistique de Grande-Bretagne et ces circuits de finance créative, dont le summum de l’expression est la triplette du Financial Times et The Economist/BBC (comme avoue Jeremy Browne, ministre de Cabinet Cameron), elle réagit viscéralement contre le retour au pouvoir de Poutine qui touche ses intérêts géopolitiques primordiales en Eurasie.
Il suffit d’une légère énumération des récentes manchettes nihilistes et sans contradiction dialectique du magazine The Economist, qui ne s’est pas gêné pour dire, à partir de la capitale d’un pays, qui vient juste de s’enflammer par ses jeunes
chômeurs affamés : « La Russie et ses mécontents » ; « Le retour de Poutine au Kremlin finit par une farce de quatre ans » « La vraie question est comment il restera au pouvoir » ; « Le retour de Poutine est mauvais pour la Russie » ; « Le cirque électoral russe » ; « La Russie d’aujourd’hui à l’arrêt et sans espoir ». Je réfuterai seulement le dernier titre : la Russie bicéphale de Poutine-Medvedev est en bien meilleure posture que la Grande Bretagne, qui est en chute libre décadente.
C’est la finesse (jusqu’à présent) de la réaction du New York Times à cet égard, qui m’a profondément frappé, peut-être à cause de la perezagruzka (le réajustement) des relations entre les États-Unis et la Russie et la surprenante et oh combien récente « Business Alliance » d’envergure géostratégique entre Exxon Mobil et Rosneft [2] pour l’exploration des hydrocarbures dans l’Arctique – qui a éjecté la britannique BP, supposée être le bien permanent des banquiers Rothschild et la plus grande prédatrice du golfe du Mexique, à l’unisson de ses sociétés de forage « partenaires » : les criminelles (sens littéral) entreprises Halliburton et Schlumberger.
Ce n’est pas rien, qu’Exxon Mobil explore dans la mer de Kara (Arctique) à proximité de la côte russe [3]. Expert de la Russie pour l’Association de la politique étrangère de l’Allemagne, Alexander Rahr a déclaré au journal Bild [4] que « Poutine était bon (sic) pour la Russie ». Ce qui est « mauvais » pour la Grande Bretagne est « bon » pour l’Allemagne ?
Rahr dit que le germanophile Poutine (il parle un allemand parfait) « tient à pénétrer dans l’occident à travers l’Allemagne » quand « l’alternative à Poutine seraient des nationalistes anti-occidentaux ». Assurément, les perspectives « occidentales » de la Grande Bretagne et de l’Allemagne sont diamétralement opposées.
Un jour avant l’annonce que Poutine briguera un troisième mandat, le ministre de la Défense russe, Anatoli Sedyukov, reçut à Moscou Guo Boxiong, directeur adjoint de la puissante Commission militaire du Parti communiste chinois [5].
Plus intéressant encore, après avoir été proclamé candidat à la présidentielle, Poutine a annoncé un voyage de visée géostratégique en Chine, afin de consolider les relations bilatérales.
Il est à noter que Stratfor [6], portail israelo-texan de désinformation globale, traite le retour de Poutine avec une extrême douceur : « Il y a un souci dans le puissant establishment des services de sécurité de la Russie, c’est que Medvedev est considéré à l’échelle internationale comme un leader faible (sic) en comparaison avec son prédécesseur. Poutine n’est pas intéressé (supersic !) à la présidence, à moins qu’il soit nécessaire pour changer la perception d’un Kremlin plus affirmatif encore ».
Si la « démocratie » est la quintessence du pouvoir populaire, alors, Poutine non seulement s’attache aux règles de la Constitution russe, sinon, mieux encore, il est plus « populaire » que ses rivaux « pro-occidentaux » dans cette étape très délicate de la situation économique mondiale, lorsque les concepts idéalistes de la philosophie politique s’érodent rapidement.
Le toujours Premier ministre russe jouit même d’une acceptation écrasante de 80 % chez ses concitoyens, ce que, soit dit en passant, aucun leader de l’OTAN (qui caquettent tous bien fort la nécessité du suffrage universel pour les autres, mais pas pour eux-mêmes) ne possède : depuis Obama, de plus en plus effacé (séquestré par « 13 banquiers de Wall Street », dixit Simon Johnson) en passant par Sarkozy (le « conquérant du pétrole de la Libye », méchamment pulvérisé lors des élections sénatoriales par le Parti socialiste), jusqu’à ce britannique pusillanime David Cameron, qui ne sait où cacher sa tête avant l’incendie (littéral) double, urbain et financier du pays.
Quand Obama, totalement prisonnier et émasculé par les voyous de Wall Street, participe à la destruction du monde - quand il sauve les banquiers insolvables de façon insolentes, plutôt que les citoyens -, personne d’autre que Poutine cherche à recouvrer l’équilibre perdu sur la planète durant la sombre phase unipolaire US, à l’unisson de la Chine (par extension : les BRICS avec Afrique du Sud), pour réorganiser le monde dans une perspective multipolaire.
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