Alors que des voitures piégées ont explosé à Beyrouth et à Tripoli contre des cibles de confessions différentes, la classe politique libanaise poursuit sa « stratégie du rat » : affaiblir le pays pour en conserver le contrôle. Toute division confessionnelle est dans son intérêt au détriment de celui du pays. Surtout limiter l’action de l’armée et désarmer la résistance ! Offrir le pays aux puissances extérieures et collaborer avec elles !
Une partie de la classe politique libanaise a choisi la stratégie du rat, intelligence en moins ! Après une guerre longue et éprouvante, avec pour conséquence la destruction des structures et infrastructures d’un Liban déjà fragile, l’on aurait cru qu’un changement radical s’opérerait pour éviter que ce conflit ne se reproduise, et que les nouvelles générations nées après la guerre ne connaissent plus cela. Hélas ! À nouveau le mauvais pli est revenu.
Pendant que la guerre du Liban —débutée en 1975— se poursuivait, une résistance à l’occupation israélienne est née à partir de 1982. Au départ constituée des factions progressistes libanaises qui voulaient faire de la lutte contre l’occupation un moyen de harceler l’occupant et de rendre périlleuse sa présence sur le territoire libanais, elle est depuis devenue multiforme.
Plusieurs opérations spectaculaires ont été commises et ont causé des dégâts importants aux convois et à des postes militaires israéliens implantés à partir de Beyrouth. Israël projetait déjà des annexions et des implantations de colonies, mais cherchait d’abord à stabiliser la situation. Les plans étaient prêts, mais c’était mal connaître cette résistance qui allait l’empêcher d’agir…
Dans la foulée, la résistance islamique, en l’occurrence les hommes du Hezbollah, a été créée, parfois dans la difficulté, car il fallait se frayer un chemin parmi les autres composantes de la résistance, qu’elle soit chiite, tel que le mouvement Amal, ou laïque tels que les différentes formations communistes ou le Parti National Syrien. Ce jusqu’à ce le Hezbollah s’affirme comme la seule force pouvant agir avec une redoutable efficacité sur le terrain.
Pendant ce temps, la classe politique libanaise était occupée à se chamailler et à prendre des positions militaires ou économiques précaires au détriment d’une population qui avait le choix entre préserver son seul intérêt individuel, ou immigrer vers des contrées éloignées.
Après la guerre, certains Libanais se sont mis à rêver que le Liban mythique allait retrouver sa santé, et renaître de ses cendres, d’autres sont revenus de leurs lieux d’immigration, croyant qu’il valait mieux avoir « le pied à terre d’une chèvre » au Liban plutôt qu’un château ailleurs. Aucun libanais ne le pense réellement, mais chacun se plait à le répéter avec une certaine hypocrisie !
Cette situation allait durer jusqu’au mois de mai 2000, date du départ à la cloche de bois des soldats israéliens et de leurs collaborateurs de l’essentiel des territoires libanais qu’ils occupaient. Outre l’impact du choc chez les Israéliens, il fut ressenti quasiment de la même manière par une partie de la classe politique libanaise, laquelle se trouvait particulièrement embarrassée. Elle devait dans l’absolu se féliciter de cette victoire, mais pour l’essentiel avait noué des alliances avec des pays et puissances non contents de cette situation.
Les Occidentaux n’étaient évidemment pas ravis de la débâcle de l’armée du pays qu’ils considéraient comme leur seul allié fiable dans la région. Les pays arabes qui s’étaient faits à l’idée de la normalisation de leurs relations avec l’État hébreu ne l’étaient pas davantage ; en effet, outre le fait qu’elle était considérée par eux comme « une victoire chiite », elle mettait en cause tout ce qu’ils avaient entrepris pour normaliser leurs relations diplomatiques, commerciales voire militaires avec l’occupant.
La classe politique allait dès lors adopter la « stratégie du rat » !...
L’idée était de grenouiller dans les égouts que constituent les positions confessionnelles au lieu de tirer profit de cette situation pour repenser l’identité nationale. Les politiques étaient occupés à se fournir aux sources d’approvisionnement fussent-elles les plus ignobles et les plus rétrogrades, comme si la guerre n’avaient jamais eu lieu, et leurs alliances n’étaient dictées que par les intérêts de leurs financeurs, le tout au risque de détruire l’édifice construit par les forces de la résistance et de leurs alliés.
Cette résistance aurait pu devenir le socle d’une nouvelle histoire du Liban, à l’image du Conseil National de la Résistance (CNR) en France, qui à l’issue de la Seconde Guerre mondiale a publié un manifeste des grands principes destinés à réunir les principales composantes de la société civile autour d’un projet pour l’avenir du pays.
Au Liban hélas, la stratégie du rat l’a emporté, bien que sayed Hassan Nasrallah ait dédié la victoire au peuple libanais, solidaire dans l’épreuve. La classe politique a préféré le cloaque à l’émancipation, multipliant des réunions aux allures de rencontres de mafiosi, code de l’honneur en moins !...
Cette stratégie se poursuit, alors que tous les Libanais à peu près sensés savent que leur pays est au bord de la guerre civile. Chaque jour voit les gesticulations des uns et des autres, tirades et répliques assassines, le tout sur fond d’arguments fallacieux, dont le moindre n’est pas que chacun devrait défendre sa confession contre un « axe chiite qui œuvrerait uniquement dans l’intérêt de l’Iran » !
En dehors du risque d’une guerre civile, il subsiste toujours celui d’une guerre israélienne contre le Liban. Le guet–apens dans lequel est tombée une unité d’élite israélienne, qui venait de commettre une incursion de près de 400 mètres en territoire libanais n’en est que la démonstration. La guerre de renseignement entre le camp de la résistance et celui des Israéliens et de leurs alliés bat son plein.
L’aviation israélienne survole quotidiennement le territoire libanais notamment celui considéré comme étant sous l’autorité du Hezbollah, et ce dernier cherche par des moyens qui restent somme toute modestes, mais efficaces, à s’informer sur les positions et cibles éventuelles israéliennes en cas d’escalade militaire entre les deux camps. La guerre de la terreur réciproque est en route.
En même temps que cette guerre se déroule, une autre est en marche, celle qui vise à affaiblir le front de résistance de l’intérieur, en jetant le discrédit sur les armes du Hezbollah. Cette guerre est conduite par une partie de la classe politique libanaise « menée » par le Mouvement du Future, qui cherche à obtenir ce que les Israéliens n’ont pas pu avoir au bout de trente-trois jours de bombardement sur tout le Liban au cours de l’été 2006, en l’occurrence le désarmement du Hezbollah.
Pour mener cette guerre, la stratégie du rat est toujours d’actualité, plus confortable pour cette classe politique, qui a fini par encourager et protéger des milices salafistes-takfiries. Ces milices sont actuellement bien implantées dans certaines régions au Liban et bénéficient d’une assistance non-négligeable devenant le terreau fertilisant des actes terroristes de tous natures : voitures piègées, attaques contre l’armée libanaise, assassinats ciblés, sans oublier leur front favori au nord du pays, à Tripoli, le quartier de Tabaneh, un quartier devenu un cancer, qui ronge une grande ville voire une région entière, sans qu’on sache comment le guérir…
Cette même classe politique a sorti le glaive de la défense de la confession sunnite le jour où l’armée libanaise a voulu empêcher un cheik de cette confession d’aller chercher la provocation dans la région d’Akar. Elle l’a sorti également quand l’armée libanaise est allée chercher des repris de justice dans la région d’Erssal dans la plaine de la Bekaa où ses soldats ont été littéralement lynchés par des bandes armées appartenant au Mouvement du Futur. Enfin la même arme a été utilisée pour défendre un « cheik » dénommé Al-Assir qui venait de créer une véritable zone de non droit dans un quartier à Saida au sud du Liban.
Jusqu’à quand cette stratégie du pire devra-t-elle continuer d’être utilisée par cette classe politique ? Combien de soldats libanais devront-ils être lynchés pour que cela cesse ?, combien de voitures piégées faudra-t-il faire exploser pour qu’enfin les esprits se réveillent ? Ces mêmes esprits ont été jusqu’à exprimer leur compréhension face à ceux qui ont activé une voiture piégée à Roueiss dans la banlieue sud de Beyrouth, prétendument en représailles à la participation du Hezbollah dans la guerre en Syrie contre ces mêmes Takfiris !
Le président libanais, et son Premier ministre démissionnaire qui se contente d’expédier les affaires courantes, ainsi que le son nouveau Premier ministre, incapable de constituer un gouvernement, n’ont pas daigné se rendre sur le lieu de l’explosion du 15 août dernier, ni même dans les hôpitaux où sont soignés les blessés, comme s’il s’agissait d’un attentat survenu à l’étranger ou comme si les habitants de ce quartier étaient des sous-hommes indignes de la moindre attention.
Dans le même temps, ces mêmes responsables déclarent s’informer grâce aux rapports des renseignements de l’armée et décernent au passage à l’ambassadrice des État Unis on ne sait quelle distinction ! Quelle gloire y-a-t-il à poignarder dans le dos ceux qui meurent pour défendre leur territoire national ? Est-il légitime de leur reprocher de se protéger en intervenant de manière très mesurée contre les mêmes Takifiris qui s’en prennent aux soldats et aux citoyens libanais ?
Saad Hariri, après avoir qualifié cet attentat de crime inacceptable, est revenu sur ses déclarations pour le justifier, arguant que c’était le prix à payer pour l’intervention du Hezbollah en Syrie. Se disant, il s’est couvert de honte, car de fait, les attaques contre la banlieue sud ont commencé dans les années 1980, avec en particulier l’explosion d’une voiture piégée à Bir Abed visant sayed Mohamad Hussein Fadlallah. À l’époque il n’y avait pas d’intervention du Hezbollah en Syrie, mais ce digne fils à papa semble affligé d’une mémoire défaillante !
Il se trouve que ce même quartier de Bir Abed a été visé par une voiture piégée il y a quelques semaines. Cela démontre que ce mode d’action violente est utilisé pour créer un sentiment de terreur parmi cette population que l’on qualifie de « terreau de la résistance ». Il n’y a bien que les habitués des égouts pour ne pas le comprendre.
Après ce type de déclarations, l’on se demande encore pour quel motif certains, à Tripoli, ont distribué des pâtisseries pour fêter ce tragique évènement qui a endeuillé une banlieue résistante face aux bombardements et provoqué des morts et blessés par centaines. Il n’y a que des rats pour danser en pareille occasion…
La classe politique libanaise corrompue ne veut pas s’émanciper, car il est plus simple de laisser les autres décider pour soi et d’encaisser le prix de la prestation demandée. C’est l’essence du capitalisme à la libanaise ! Il est d’ailleurs prévu dans la prestation les arguments de vente. Cela explique cette propagande qui dure depuis la guerre des 33 jours pour arracher le désarment du Hezbollah.
Ces mêmes politiques auraient dû comprendre depuis 1983 au moins que le Liban ne baissera pas les bras, et que sa force ne sera plus sa faiblesse, depuis qu’il a fait voler en éclat un accord de soumission validé par l’ancien président Gemayel au prétexte de faire la paix. En réalité, à peine l’encre ayant servi à le rédiger avait-elle séché que le même président avait compris qu’il ne pourrait pas le mettre en œuvre… Le Liban avait déjà basculé dans la résistance..
Le plus consternant est que ceux-là mêmes qui stigmatisent la résistance n’ont jamais été en mesure de dire comment ils entendaient protéger le territoire libanais, et se refusent à en parler. Quand le chef du Hezbollah a proposé un débat collectif sur la stratégie de défense du pays, en indiquant la sienne, nul n’a fait la moindre proposition.
En réalité, depuis la création du Liban, les hommes politiques, qui ne sont jamais souciés de la défense du territoire, sont à l’origine de la fameuse théorie du Liban tirant sa force de sa faiblesse ! Selon eux, pas besoin d’armée pour défendre l’intégrité territoriale, ni de forces de sécurité, si ce n’est pour « le traitement de la petite délinquance et des manifestations ».
Ces mêmes politiques ont déjà politisé l’action des forces de sécurité, avec un « service de renseignement » réputé pour son activisme politique. Il ne restait à détruire que l’armée, dernier service public crédible et considérée par tous comme étant le plus intègre. Il fallait donc la mettre en difficulté : la bataille d’El-Bared l’a mise à rude épreuve, puis la guerre de rues à Tripoli, et les incidents provoqués par le Mouvement du Futur à Akkar et dans la plaine de la Bekaa. Ses alliés devaient faire le reste.
L’armée libanaise reste dans le viseur de la stratégie du rat, elle continue de résister mais jusqu’à quand ? Personne ne le sait ! Actuellement cette armée pleine de bonne volonté reconnaît qu’à certains endroits ses missions sont clairement entravées. Le pire est qu’on essaie de lui nuire de l’intérieur en usant toujours des mêmes ficelles, le confessionnalisme et la politisation, comme avant la guerre civile qui a éclaté en 1975.
Décidément, les rats ne veulent pas que cela change, car c’est leur milieu naturel qu’ils protègent…..
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