Le leader du mouvement islamiste Fethullah Gülen, installé aux États-Unis, Fethullah Gülen a été condamné par contumace par la XIVe Haute Cour pénale d’Istanbul, le 2 octobre 2015, et par la XIIIe Haute Cour le 19 octobre.
Les magistrats ont demandé qu’un mandat d’arrêt soit délivré par Interpol et que Fethullah Gülen soit extradé des États-Unis où il réside depuis 1999.
M Gülen, fondateur du mouvement homonyme (dit le « Hizmet ») est un des co-fondateurs de l’AKP du président Recep Tayyip Erdoğan. Il dispose notamment d’un vaste réseau d’écoles privées en Turquie. Très présent en Asie centrale, son mouvement est utilisé comme couverture par la CIA pour des opérations secrètes.
Depuis novembre 2013, M Erdoğan accuse son ex-allié de conspirer contre lui et contre l’État [1]. Il a dénoncé une « structure parallèle » à l’État et a procédé à une vaste purge des institutions, limogeant des milliers de policiers et de magistrats accusés de suivre les enseignements du Hizmet.
Accusé d’avoir « organisé et de diriger une organisation terroriste ainsi que d’avoir obtenu des secrets d’État afin de les utiliser à des fins d’espionnage politique », Fethullah Gülen a été condamné à 37 ans et demi de prison, son adjoint Sinan Dursun à 52 ans et six mois de prison et les 67 autres accusés —dont trois anciens chefs de la police, Yakup Saygili, Kazim Aksoy et Hamza Tosun— à diverses peines.
Aucune preuve n’a été présentée par le Procureur qui se fonde exclusivement sur des témoignages.
Le procès avait été intenté par un homme d’affaire, Mehmet Nuri Turan, propriétaire de la maison d’édition Tashiyé, et par plusieurs responsables de l’AKP dont le président Erdoğan en personne, le Premier ministre par intérim Ahmet Davutoğlu et le chef des services secrets Hakan Fidan.
Le dossier d’accusation, rédigé par le Procureur adjoint Ismail Ucar, est un long plaidoyer retraçant les nombreux complots de l’Histoire turque, en rejetant la responsabilité sur les Occidentaux, et appelant à la « libération » du pays. Symboliquement, il comprend 1 453 pages (les Ottomans conquirent Constantinople, l’actuelle Istanbul, en 1453).
Tout au long de la semaine, la police a interpelé de nombreux hommes d’affaire sympathisants de Fethullah Gülen, puis les a relâchés. De nombreuses écoles et des médias du Mouvement ont également été perquisitionnés.
Des élections législatives se tiendront le 1er novembre afin de dégager une majorité que les élections précédentes n’ont pas permis de trouver.
[1] « Erdoğan attaque Gülen publiquement », Réseau Voltaire, 23 novembre 2013.
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