Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Ce sont mes deuxièmes voeux à la presse diplomatique et je dois vous dire que l’année dernière j’avais été un peu frustré pour mes premiers voeux. Parce que j’avais essayé de retracer les grands enjeux qui étaient ceux de ma mission, que nous n’avions pas eu le temps d’échanger beaucoup et que je n’avais même pas eu le temps de boire un verre avec vous.
Donc, je voudrais qu’aujourd’hui nous soyons dans une forme différente qui, si elle va bien, sera reproduite dans les années qui viennent, si je suis toujours là et si vous êtes toujours là, aussi.
Je voudrais simplement vous dire mes voeux de bonne année à vous tous, à vous-mêmes, à vos proches, à vos familles et à vos organes de presse, et surtout vous dire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, combien j’apprécie votre engagement irremplaçable au service du débat démocratique. Vous êtes les témoins, vous êtes ceux qui décrivent les signes avant-coureurs des grandes mutations, vous êtes ceux qui tentent de rétablir la vérité des faits. Vous êtes ceux qui témoignent de l’horreur pour prévenir l’indifférence. Et cet engagement indispensable, irremplaçable au service de la démocratie étant aujourd’hui beaucoup secoué.
Vous l’avez rappelé, par cet engagement, certains de vos confrères sont assassinés. C’est totalement inacceptable. C’est en nous informant que vous défendez la liberté de tous. Et les meurtres, en particulier celui inqualifiable de Jamal Khashoggi, ces meurtres choquent le monde entier. Vous avez rappelé combien de journalistes d’investigation ont été assassinés y compris en Europe, combien de reporters sont menacés et violentés. Et c’est, pour moi, un axe important de mon action pour aujourd’hui et pour demain.
C’est dans cet esprit que nous avons souhaité lancer à Paris, lors du forum sur la paix, le 11 novembre dernier, une déclaration internationale sur l’information et la démocratie, en lien avec Reporters sans frontières. Et c’est ce mouvement-là que nous allons poursuivre au cours de l’année 2019. Avec plusieurs opportunités pour le faire. D’abord la présidence du G7, où nous avons l’intention de mettre cette question de la sérénité, de la salubrité du débat public au coeur de nos préoccupations. Ce sera aussi le cas aux Nations unies lorsque nous aurons, à la fin du mois de mars et au début du mois d’avril prochain l’opportunité de présider, moi-même, le Conseil de sécurité, et d’avoir une succession de présidences, puisque la présidence allemande viendra juste derrière nous. Et nous avons convenu de faire ensemble une action pour valoriser l’action de liberté que mènent les journalistes dans le monde entier.
C’est dans cet esprit aussi que nous nous battons contre les manipulations de l’information, dans ce que l’on pourrait appeler une véritable guerre froide de l’information que nous sentons se développer maintenant.
Je voudrais saluer le rôle que vous avez dans l’affirmation de la vérité et le rôle que vous avez pour refuser toute tentative d’instrumentalisation de la vie internationale par les fausses nouvelles.
Vous avez évoqué tout à l’heure, je comptais le dire mais je le rappelle brièvement, les propos les plus fantaisistes qui ont circulé à la fois sur le Pacte de Marrakech sur les migrations et sur le traité franco-allemand. Et ma conviction, c’est que ces vagues d’infox, comme l’on dit maintenant en bon français, sur lesquelles d’ailleurs certains responsables politiques s’aventurent à surfer, ces vagues d’infox doivent être combattues. Et je voudrais saluer la patience et le professionnalisme dont vous-mêmes et vos confrères faites preuve pour ne pas être des relais de toute complaisance que ce soit à l’égard de ces volontés destructrices qui remettent en cause les fondamentaux de la vie démocratique et les fondamentaux de la vie diplomatique, tout simplement ; il faut en revenir à la vérité et c’est ce à quoi vous vous attelez et ce sont ces voeux-là que je voulais vous donner aujourd’hui. Merci.
Q - Bonjour Monsieur le Ministre, vous avez fait état de vos réactions sur la situation au Venezuela. Est-ce qu’il y a des étapes à suivre dans la reconnaissance du président autoproclamé ou d’autres étapes, au niveau national ou au niveau européen ? Merci.
R - Nous suivons de très près cette situation et en ce moment même une réunion se tient à Bruxelles dont je n’ai pas encore les résultats pour que l’Union européenne ait une position unie sur cette situation. Je peux vous dire plusieurs observations qui ont d’ailleurs déjà été évoquées par le président de la République. D’abord, nous soutenons, nous nous tenons aux côtés du peuple vénézuélien qui s’est massivement exprimé dans les rues et qui a manifesté ses aspirations démocratiques évidentes. Nous entendons apporter notre plein soutien à l’Assemblée nationale vénézuélienne et à son président, en tant qu’institution démocratiquement élue, et qui à cet égard doit jouer totalement son rôle. Nous appelons aussi fermement M. Maduro à s’interdire toute forme de répression de l’opposition et tout usage de la violence contre des manifestations pacifiques. Nous estimons qu’il faut qu’il y ait dans un bref délai la tenue d’élections présidentielles au Venezuela dans des conditions qui en garantissent totalement le caractère démocratique. Il faut à cet égard une approche graduelle et faire en sorte que le mouvement qui se produit en ce moment puisse s’exprimer dans une légalité constitutionnelle. Voilà ce que je peux dire à cet instant. C’est la position que la France défend et je pense qu’il y aura une position de l’Union européenne en fin de matinée qui sera exprimée et communiquée.
Q - Monsieur le Ministre, je voulais juste vous poser une question sur la RDC. Il y a eu une élection. Ces résultats étaient, en tout cas, mis en doute par la France. Et puis il y a eu maintenant un passage de pouvoir. Est-ce qu’on en reste là ou est-ce qu’on tourne la page ? Est-ce qu’on ne dit plus rien ?
R - Il y a eu une élection sur les résultats de laquelle nous avons émis des interrogations, moi-même, mais je n’ai pas été le seul. J’ai constaté que pour certains le seul fait d’émettre une interrogation - parce que je me souviens très bien de la phrase que j’ai utilisée : il semble que - le seul fait d’émettre une simple interrogation pour certains était une forme d’ingérence. Cela m’a surpris. Et ensuite quand j’ai vu que l’Union africaine se posait les mêmes questions, je me suis senti libéré de cette menace d’ingérence. Je ne vois pas l’Union africaine faire de l’ingérence en Afrique. Ceci étant, notre principale préoccupation maintenant est que la situation dans la République Démocratique du Congo reste stable et sans violence. Nous avons fait part de nos observations et de nos interrogations. Il apparaît que la Cour suprême a validé les résultats, que ces résultats sont perçus par une grande partie de la population comme une forme d’alternance. On veut bien le croire. En tout cas, ce que nous pensons c’est qu’il faut que les nouvelles autorités de ce pays soient dans une démarche inclusive et permettent que ce pays retrouve la vraie démocratie et que l’inclusivité de l’action menée par le président Tshisekedi permette aussi d’éviter toute forme de violence. Et nous poursuivons à cet égard, y compris au niveau européen nos relations fortes avec l’Union africaine pour être en bonne articulation à la fois de nos interventions et de nos observations politiques.
Q - Je voudrais revenir sur le Venezuela si vous le permettez, Monsieur le Ministre. Les Etats-Unis ont l’intention d’envoyer une aide humanitaire. Est-ce que c’est une intention qu’a également la France ou un autre type d’aide ? Par ailleurs, des observateurs craignent une situation un peu à la syrienne. Est-ce que c’est une crainte que vous avez ?
R - J’ai évoqué tout à l’heure les principes sur lesquels s’appuyaient nos positions concernant le Venezuela. L’hypothèse d’une aide humanitaire peut être envisagée par l’Union européenne. Nous tenons absolument à ce que nous puissions avoir une posture européenne unique sur ce sujet. Et ne pas être dans le suivisme d’untel ou d’untel, d’avoir une analyse réelle de la situation et de garder ces principes. Le principe fondamental étant : il faudra appuyer ce mouvement populaire par une procédure constitutionnelle. Donc, nous souhaitons qu’il y ait l’organisation d’élections présidentielles démocratiques et vérifiées comme telles, avec des observateurs qui seront souhaités. En tout cas c’est l’exigence et le point le plus important que je voulais mettre en avant en demandant fortement à ce que le président Maduro évite l’usage de la force contre des manifestations pacifiques. Sur le reste, nous sommes très préoccupés de la situation de nos ressortissants au Venezuela, comme d’ailleurs d’autres chancelleries, et cela fait partie aussi des éléments d’interrogation et éventuellement d’action que nous envisageons maintenant. Je n’ai pas d’autres points à indiquer là-dessus en attendant la réunion de l’Union européenne de ce matin.
Q - Bonjour, Monsieur le Ministre. Ma question est la suivante : quelle est la position de la France quant à la normalisation des relations avec le régime syrien, avec Bachar Al-Assad ?
R - Il y a dans cette partie du monde deux guerres qui se croisent mais qui sont différentes. Il y a une guerre contre Daech que nous menons et qui n’est pas finie. Malgré la décision - même si elle va prendre un peu plus de souplesse dans l’application - du président Trump de se retirer du nord-est syrien. La guerre contre Daech n’est pas finie. Elle n’est pas finie territorialement parce qu’il reste encore des plaques de présence de Daech à la frontière entre la Syrie et l’Irak. Elle n’est pas finie parce que Daech essaye de ressurgir clandestinement que ce soit en Irak ou que ce soit en Syrie, voire même en Europe en prenant à son compte des attentats, je vous rappelle Strasbourg, mais y compris en Syrie puisque, très récemment, les forces américaines ont subi un revers dramatique, puisque plusieurs militaires sont morts dans une zone où on n’attendait plus Daech, à Manbij.
Donc, ce combat-là, c’est le combat de la France, c’est le combat de la coalition et ce combat-là n’est pas fini. Et il faut le mener jusqu’à son terme. Cela passe aussi d’ailleurs par un soutien à l’Irak qui est en train de se reconstruire où je me suis trouvé il y a peu de temps pour faire en sorte que la reconstruction de ce pays de manière inclusive puisse permettre d’éviter des résurgences terroristes de ce type. Et puis il y a la guerre civile. C’est une autre guerre. Même si parfois il y a des liens et, honnêtement aujourd’hui, ce que l’on peut constater c’est qu’effectivement Bachar Al-Assad avec le soutien de la Russie et de certains proxy iraniens est en train de gagner la guerre - encore qu’à y revenir ce n’est pas tout à fait fini, la guerre civile - mais il n’a pas gagné la paix.
Il n’est donc pas question pour la France d’engager quoi que ce soit, tant que le processus politique qui émane de la résolution 2254 des Nations unies ne sera pas mise en oeuvre. Je vous rappelle ce processus : réforme de la constitution, élections libres et transparentes dans un environnement neutre auxquelles participeront ou doivent participer à la fois les déplacés et les réfugiés syriens. Dans ces conditions-là, c’est le peuple syrien qui décide de son propre avenir.
Le processus politique est aussi indispensable et préalable à toute intervention européenne pour une reconstruction en Syrie. Ces paramètres-là, l’ensemble de nos partenaires les connaissent. Je disais tout à l’heure, la guerre civile n’est pas finie. Il y a, vous le savez, au moins deux sinon trois abcès de fixation lourds. La région du nord-est, où le retrait américain préoccupe. D’autant plus que les forces démocratiques syriennes qui ont permis la libération au sol contre Daech de ce territoire ne peuvent pas être abandonnées comme telles.
Il importe de trouver les garanties pour ces populations et éviter des interventions intempestives éventuelles de la Turquie, même si nous considérons que la Turquie a droit à la sécurité de ses frontières, mais là, il reste un premier secteur difficile. J’ai entendu parler comme vous de l’hypothèse d’une zone tampon qui pourrait permettre sur 30 kilomètres d’avoir une zone de protection de part et d’autre. C’est un sujet que nous étudions, il va y avoir la semaine prochaine une réunion de la coalition à Washington. Ce sujet sera certainement abordé, mais au-delà du principe qui est un vieux principe, qu’on avait déjà connu, au début de la guerre civile syrienne dans les années 2013-2014, ce principe au-delà de son affirmation nécessite un certain nombre de complémentarités. Qui garantit la sécurité de la zone tampon ? Qui assure la sécurité intérieure et extérieure de cette zone ? Que deviennent les habitants de la zone ? Toute une série de questions qui ne sont pas encore élucidées ni énumérées dans la proposition américaine, mais voilà sur le nord-est.
Il reste la zone d’Idlib où - vous connaissez l’histoire - au fur et à mesure de l’avancée des éléments de loyalistes, dépendants de Bachar Al-Assad, sur le territoire syrien, lorsqu’il y avait un noyau terroriste, on les transférait à Idlib et ça, ça a duré trois ans. On mettait tous ces groupes de diverses obédiences d’ailleurs dans la zone d’Idlib où il y a néanmoins deux millions d’habitants et donc quelques dizaines de milliers de groupes combattants, certains reconnus comme groupes terroristes d’autres non. Et l’accord entre la Turquie et la Russie a permis un cessez-le-feu sur la zone. Mais aujourd’hui, à l’intérieur de cette zone, il y a des combats et manifestement ce sont les groupes qui dépendent d’Al Qaïda qui sont en train de reprendre le dessus. Ce qui risque d’amener des complications supplémentaires. Et il ne faudrait pas d’ailleurs - je le dis de nouveau ici et je l’ai déjà dit à plusieurs reprises publiquement - que l’action armée qui romprait avec le cessez-le-feu auquel nous tenons beaucoup aboutisse à l’utilisation de l’arme chimique. Parce que cela peut être une tentation.
Et puis il y a la troisième zone dont on ne parle pas beaucoup qui s’appelle Al-Tanf et qui est à la frontière entre la Jordanie, l’Irak et la Syrie, mais qui se trouve en Syrie, où il y a à la fois une présence américaine et à la fois des camps importants où ont été aussi rassemblés un certain nombre de groupes et de populations réfugiées mais aussi des groupes armés.
Tout cela nécessite qu’on en parle. Nous ne sommes pas encore au bout de la reprise en main par Bachar Al-Assad de l’ensemble de son territoire. Il y a des zones conflictuelles potentielles qui laissent à penser que si on ne met pas en oeuvre le dispositif prévu par les Nations unies, on peut avoir des situations conflictuelles qui se poursuivent avec peut-être des risques de retrouvailles entre la première guerre que j’évoquais et celle-là. Tout cela nécessite une vigilance de tous les instants.
Le nouvel envoyé du Secrétaire général, M. Pedersen qui remplace M. de Mistura, est maintenant à l’ouvrage pour essayer de faire en sorte que le processus politique puisse aboutir, nous en parlons aussi avec les Russes qui ont une responsabilité majeure dans la situation du moment puisqu’ils ont décidé d’agir - lorsqu’ils sont intervenus en 2015, ils ont agi - et maintenant il faut pousser jusqu’au bout le processus et qu’ils nous indiquent comment ils comptent faire pour gagner la paix et pour que la Syrie retrouve son intégrité. Voilà ce que je peux répondre pour l’instant. En rajoutant, parce que c’est un dossier d’une grande complexité, que par ailleurs l’autre élément nouveau qui s’est produit depuis la décision américaine c’est le renforcement de la conflictualité entre Israël et les positions iraniennes sur le territoire syrien. Ce qui fait qu’il y a là, finalement, cinq armées qui sont l’une près de l’autre et tout cela est évidemment très inflammable.
Q - Monsieur le Ministre, est-il dans les intentions de la France à l’occasion de la visite du président Macron en Egypte d’aborder la question des droits de l’Homme avec le président Sissi, de la répression de la société civile et de la presse et ce en dépit de nos intérêts stratégiques, militaires, commerciaux ?
R - Vous le verrez, c’est dimanche, lundi, mardi.
Q - Une dernière question sur le Venezuela. Vous avez appelé à des élections présidentielles à bref délai au Venezuela. Est-ce que, comme l’Allemagne qui vient d’affirmer cette position, si ces élections n’ont pas lieu à très court terme, vous êtes susceptible de reconnaître le président du Parlement comme le président légitimement élu du Venezuela ?
R - Je l’ai dit tout à l’heure, nous avons apporté notre soutien à l’Assemblée nationale vénézuélienne que nous reconnaissons comme une institution démocratique. Pour le reste, nous appelons à la tenue de ces élections présidentielles. Je constate avec vous que le point de vue de l’Allemagne est le même que celui que je viens d’exprimer il y a un instant. Donc, tout cela nous permet de penser qu’il y aura une position de l’Union européenne unique pour établir un calendrier permettant que cela se tienne à très court terme.
Q - Vous avez accueilli hier le président israélien qui a lancé un avertissement assez sévère au Liban, au gouvernement libanais, concernant sa responsabilité à l’égard des agissements du hezbollah et il a demandé aussi une éventuelle intervention de la France pour régler les choses.
R - J’ai beaucoup parlé, le président de la République aussi, avec le président israélien que j’ai reçu ici hier matin. Cela me permet de revenir un petit peu sur l’Iran avant de passer au Liban. Sur l’Iran, nous avons plusieurs exigences. La première c’est que l’Iran reste dans l’accord de Vienne, c’est le cas. Et, à partir du moment où l’Iran reste dans l’accord de Vienne - c’est le cas et c’est vérifié par l’AIEA, encore récemment, parce que rien ne serait pire qu’une reprise de la capacité nucléaire militaire de l’Iran -, je pense que la rupture américaine et la mise en place des mesures d’extraterritorialité ne sont pas, à mon avis, opportunes pour assurer la sécurité de la région. Puisque cette rupture pourrait inciter, aurait pu inciter- ce n’est heureusement pas le cas maintenant - certaines forces qui étaient contre l’accord de Vienne à reprendre une position politique meilleure et à rétablir une logique qui était inacceptable de prolifération. Cela, c’est acté.
Ce qui est en train de s’acter aussi et qui va être fait, honnêtement, dans les jours qui viennent, c’est la mise en place, à l’initiative de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, d’un mécanisme financier autonome qui permet à l’Iran d’avoir certaines retombées économiques et financières de la validation de son accord. Et cela c’est imminent : le SPV.
Ensuite, à l’égard de l’Iran, nous avons deux exigences supplémentaires qui, elles ne sont pas aujourd’hui actées. C’est le fait que l’Iran renonce à sa production missilière, en particulier à ses exportations missilières, en direction, entre autres, de certaines fractions armées du Moyen-Orient, mais aussi en direction des houthis. Et, là, nous avons commencé un dialogue difficile avec l’Iran qui devra se poursuivre. Et, sur ce dialogue, nous sommes prêts, s’il n’aboutit pas, à avoir un usage ferme de sanctions, et ils le savent.
Troisièmement, et c’est lié, nous souhaitons fortement que l’Iran cesse ses actions de déstabilisation de l’ensemble de la zone. Et dans la résolution 2254 concernant la Syrie, il est clair qu’il n’y ait pas de présence de forces étrangères sur le territoire syrien qui peut, entre autres, menacer la sécurité d’Israël.
Par rapport au Hezbollah, nous sommes très fermes sur l’envoi d’armes de la part de l’Iran à la branche armée du hezbollah, que nous condamnons fermement. Nous souhaitons surtout, pour répondre à votre question et c’est ce que nous avons dit au président israélien, que les Libanais eux-mêmes dépassent leur situation conflictuelle politique pour rapidement se doter d’un gouvernement. Parce que l’on ne peut pas aujourd’hui se contenter de cette situation surréaliste qui fait qu’il y a eu des élections il y a déjà plusieurs semaines et que des tractations n’aboutissent pas à l’instauration d’un gouvernement. Ce qui fait que tous les engagements que nous avons pris antérieurement pour le Liban, y compris les engagements financiers, y compris les engagements à l’égard de l’armée libanaise qui reste quand-même aujourd’hui la colonne vertébrale de l’équilibre de l’Etat, tous ces engagements-là ne peuvent pas être tenus. Et il est de la responsabilité de l’ensemble des responsables politiques libanais de faire en sorte que cesse cette situation d’impasse politique dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes.
C’est la condition majeure et il faut que tous les efforts des uns et des autres, des pays de la région, y compris le soutien d’Israël là-dessus pour que le peuple libanais retrouve une forme de stabilité politique qui lui manque beaucoup.
Je rajoute à cela le fait qu’il y a des mouvements de réfugiés, y compris au Liban - il y en a aussi en Irak, il y en a aussi en Jordanie -, qui font que cette préoccupation reste constante et que si d’aventure, sur les poches que je viens d’indiquer tout à l’heure en parlant de la Syrie, des conflagrations reprenaient, il pourrait y avoir des réfugiés supplémentaires qui rendraient encore la situation dans la zone beaucoup plus complexe. D’où la nécessité pour les Libanais de prendre leurs responsabilités.
Il y a un prix maintenant. Donc, moi, comme je connais le lauréat et que le lauréat a fait savoir qu’il ne voulait pas parler et que j’ai pu, avec lui, fréquenter des terrains parfois chauds, souvent chauds d’ailleurs, enfin d’une manière générale ce sont des terrains chauds, dans lesquels nous avons pu être présents ensemble. Je parlais tout à l’heure de l’exigence et du courage pour le métier de journaliste et je trouve que le lauréat, dont le nom va apparaître dans un instant, conjugue heureusement ces deux grandes qualités : l’exigence et le courage. Merci.
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