J’ai l’honneur de vous écrire pour vous faire part des faits récents concernant la situation alarmante en matière de sécurité qui règne dans l’ensemble de la région du golfe Persique. Il semblerait que certains milieux extérieurs à la région – s’appuyant, à coups de mensonges, de désinformation, de faux renseignements et d’infox, sur le soutien de leurs alliés au Moyen-Orient et envoyant des forces navales dans la région – poursuivent leurs intérêts illégitimes en attisant les dissensions et en creusant la méfiance entre les pays de la région du golfe Persique, ainsi qu’en fomentant l’insécurité et l’escalade des tensions, déjà vives, dans cette région instable. Si rien n’est fait pour y remédier, la situation actuelle pourrait, tôt ou tard, échapper à tout contrôle et déboucher, ainsi, sur une autre crise régionale dont on préférerait se passer.
La République islamique d’Iran a, à maintes reprises, mis en garde contre les intentions malveillantes de ces milieux et alerté sur les vastes ramifications régionales et internationales de leurs objectifs. Pour sa part, l’Iran a toujours rejeté et rejette les conflits et les guerres. Jamais, l’Iran ne choisira la guerre comme option ou stratégie de politique étrangère. Pour autant, il faut bien comprendre que si la guerre nous est imposée, l’Iran exercera vigoureusement son droit naturel de légitime défense pour protéger sa nation et préserver ses intérêts.
Au vu de ce qui précède et alors que la région se trouve, sans perspectives prometteuses en vue, en proie à l’agitation, la communauté internationale en général, et les Nations Unies en particulier, ne peuvent ni ne doivent rester indifférentes face aux causes profondes qui sont à l’origine de la situation actuelle. Si celle-ci n’est pas résolument prise en main, on risque de voir éclater un conflit qui aura tôt fait de déborder des frontières régionales, entraînant, à coup sûr, de vastes et graves conséquences pour la paix et la sécurité internationales.
L’inaction – gage d’échec absolu – n’est pas une option, car elle peut conduire à une catastrophe, qu’il faut à tout prix éviter. La seule solution consiste, en fait, à adopter une approche avantageuse pour tous, s’insérant dans le cadre d’un engagement actif. C’est pourquoi, la République islamique d’Iran estime que seuls un engagement et un dialogue constructifs entre les États riverains du golfe Persique permettront d’améliorer les conditions actuelles de sécurité, complexes, qui prévalent dans la région et, à terme, d’y remédier. Un tel dialogue doit se fonder sur le respect mutuel ainsi que sur des principes reconnus universellement et des objectifs communs, en particulier le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États ; l’inviolabilité des frontières internationales ; la non-ingérence dans les affaires intérieures des États ; le règlement pacifique des différends ; l’interdiction du recours à la menace ou à l’emploi de la force ; la promotion de la paix, de la stabilité, du progrès et de la prospérité dans la région.
Comme l’a déclaré Mohammad Javad Zarif, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, il est plus que temps de mettre en place, dans la région du golfe Persique, une instance collective de dialogue propre à faciliter l’action. Facteur d’entente, le dialogue régional est de nature à conduire à un accord sur un large éventail de questions, notamment celles qui concernent les mesures de confiance et de sécurité ; la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ; la liberté de navigation et la libre circulation de l’énergie. Plus tard, il pourra aussi porter sur des accords formels de non-agression et de coopération en matière de sécurité.
À cet égard, sachant qu’au paragraphe 8 de sa résolution 598 (1987), le Conseil de sécurité a chargé le Secrétaire général d’examiner « les mesures susceptibles de renforcer la sécurité et la stabilité régionales », vous pourriez, par la mise en œuvre des dispositions de ce paragraphe, offrir le cadre international requis pour le lancement d’un tel dialogue régional.
Je vous serais très obligé de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre comme document du Conseil de sécurité.
Source : ONU S/2019/413
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