Au début de la révolte libanaise d’octobre 2019, les chrétiens des Forces libanaises de Samir Geagea (photo) et des Phalanges de la famille Gemayel [1] ont organisé les premiers barrages.
Les cadres de ces deux organisations avaient été informés par le roi Abdallah II de Jordanie que, Jared Kushner, conseiller spécial du président Donald Trump, a proposé au Premier ministre (sunnite) Saad Hariri de naturaliser libanais non seulement les Palestiniens réfugiés en Syrie, mais aussi les Palestiniens de Cisjordanie. Cette naturalisation est la clé du « Deal du siècle » annoncé par la Maison-Blanche il y a plus d’un an et constamment reporté. Elle ferait basculer l’équilibre démographique du Liban au détriment des chrétiens et des chiites, ce qui a ravivé les peurs de la guerre civile (1975-90).
Samir Geagea et les cadres des Forces libanaises ont été les premiers députés libanais à démissionner au début de la crise. Il ont invité toute la classe politique à suivre leur exemple, particulièrement le Premier ministre Saad Hariri. Celui-ci a alors également démissionné, mais sans en informer préalablement ni ses alliés chrétiens du Courant patriotique libre (président Michel Aoun), ni ses alliés chiites du Hezbollah [2].
Si le secrétaire d’État US, Mike Pompeo, appelle au calme, d’autres forces US sont impliquées dans le tumulte actuel.
Dans un article rédigé pour la Brookings Institution de Doha, Jeffrey Feltman (ancien ambassadeur US à Beyrouth, puis adjoint de la secrétaire d’État Hillary Clinton, et enfin n°2 de l’Onu) avait dénoncé la pire coalition pour un « Américain » : le Hezbollah et la Maison-Blanche (sic) [3]. Il avait déploré la suspension de l’aide US à l’armée libanaise et avait appelé à demi-mots à un coup d’État militaire en faveur du général Joseph Aoun.
Des agitateurs du Canvas (spécialistes des « révolutions colorées » formés par Gene Sharp) de Doha ont été identifiés durant les manifestations libanaises [4].
[1] Les Phalanges ou Kataëb ont été formées en 1936 sur le modèle des phalanges espagnoles de José Antonio Primo de Rivera. C’est le seul parti politique fasciste survivant de la Seconde Guerre mondiale.
[2] Après avoir longtemps envisagé que le Hezbollah soit impliqué dans l’assassinat de son père, Rafic Hariri, le Premier ministre a fait volte-face après sa séquestration à Riyad et est devenu l’allié du Hezbollah.
[3] « With Lebanon making fragile progress, now is the wrong time to pull US assistance », Jeffrey Feltman, Brookings Institution, November 1, 2019.
[4] « L’Albert Einstein Institution : la non-violence version CIA », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 juin 2007.
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