Les ministres de la Communication de l’UE se réuniront mardi à Bruxelles 3 décembre pour y discuter des modalités de protection des réseaux sans fil de cinquième génération (5G) émergents. Leurs décisions pourraient avoir des effets durables sur la capacité des pays européens à préserver la vie privée de leurs citoyens et, en définitive, à protéger leurs libertés.
Les réseaux 5G seront bientôt présents dans tous les aspects de la vie, notamment les infrastructures critiques. De nouvelles capacités innovantes feront fonctionner les véhicules autonomes, l’intelligence artificielle, les réseaux intelligents et d’autres technologies révolutionnaires. La conception des réseaux 5G est telle qu’il est impossible de séparer les parties du réseau l’une de l’autre.
Compte tenu de ces enjeux, il est urgent de confier la construction de ces artères de l’information du XXIe siècle à des entreprises dignes de confiance. En particulier, il est essentiel que les pays européens ne délèguent pas le contrôle de leurs infrastructures critiques aux géants chinois de la technologie tels que Huawei ou ZTE.
Pensez simplement aux antécédents de Huawei. La société, basée à Shenzhen, entretient des liens avec l’Armée populaire de libération chinoise. Elle est impliquée dans des activités d’espionnage en République tchèque, en Pologne et aux Pays-Bas et serait coupable de vols de propriétés intellectuelles à des concurrents étrangers en Allemagne, aux États-Unis, en Israël et au Royaume-Uni. Elle est accusée de corruption dans des pays comme l’Algérie et la Belgique et la Sierra Leone. Huawei bénéficie d’un soutien massif de l’État qui lui permet de se livrer à des pratiques déloyales de vente à des prix inférieurs à ceux proposés par ses concurrents soumis aux impératifs du marché.
Mais la sécurisation des réseaux 5G ne se limite pas à faire en sorte qu’ils ne soient pas construits par toute entreprise donnée. La loi chinoise sur le renseignement indique clairement que le Parti communiste chinois (PCC) peut obliger tout fournisseur de 5G basé en Chine à lui communiquer des données et à se livrer à d’autres actions secrètes.
C’est inquiétant, car le PCC lui-même est derrière une longue liste de cyber-activités malveillantes. L’année dernière, le département américain de la Justice a inculpé des membres du groupe de piratage informatique APT 10 basé à Tianjin, coupable, en association avec le ministère chinois de la Sécurité de l’État, d’avoir attaqué des dizaines d’entreprises européennes et américaines pour s’approprier leur propriété intellectuelle et des informations personnelles sensibles.
Grâce aux capacités 5G, le PCC pourrait se servir de l’accès de Huawei ou de ZTE pour voler des informations privées ou exclusives, ou utiliser des « coupe-circuits » pour interrompre à l’avenir des applications critiques telles que les réseaux électriques et les centres de téléchirurgie. Et il suffit de regarder les multiples violations des droits de l’homme perpétrées par le PCC dans le Xinjiang – si clairement visibles dans les documents récemment divulgués – pour voir qu’il se sert de la technologie à des fins de répression massive.
Les experts techniques de l’UE ont franchi une étape importante en octobre avec une mise en garde dans une évaluation coordonnée des risques de la 5G selon laquelle « le profil de risque de chaque fournisseur deviendra particulièrement important, en particulier la probabilité qu’il soit soumis à une ingérence d’un pays non-membre de l’UE ». Les États-Unis exhortent les États membres de l’UE à aller encore plus loin et à établir des normes nationales en matière de réponse aux menaces potentielles pour la vie privée, la sécurité, les droits de l’homme, la souveraineté et la propriété intellectuelle.
Certains des partisans de Beijing, dont des sociétés de relations publiques européennes embauchées par Huawei pour limiter les dégâts, s’y opposent. Ils prétendent que la technologie Huawei est meilleure et plus économique que d’autres solutions, et ignorent les antécédents inquiétants de la société.
L’UE n’est pas tenue de les écouter ni de prendre de tels risques. Des entreprises européennes telles qu’Ericsson et Nokia produisent des équipements 5G de grande qualité et à des prix concurrentiels, tout comme la société sud-coréenne Samsung. Ces entreprises sont des acteurs commerciaux légitimes qui ont recours à des pratiques concurrentielles loyales. Et surtout, leurs sièges se trouvent dans des démocraties qui respectent l’état de droit et doivent répondre de leurs actes.
Les États-Unis respectent le droit de chaque pays à déterminer une politique en matière de technologie et de décider des modalités de la protection de son peuple. Mais nos amitiés et nos alliances avec les États de l’UE, fondées en définitive sur notre amour commun de la liberté, exigent que nous fassions état de nos préoccupations en présence de menaces pour notre sécurité commune.
Je ne doute pas que les États européens continueront à prendre de bonnes décisions au nom de leurs citoyens. Les États-Unis se réjouissent de travailler avec Bruxelles pour bâtir un avenir numérique fort et sûr, pour la prospérité de tous.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter