En 1974, c’est-à-dire sous le régime de Tito, la Yougoslavie était formée de six républiques fédérées (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie). Le Kosovo était une région autonome au sein de la Serbie. Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas la mort de Tito, en 1980, qui déstabilisa le système, mais l’arrivée au pouvoir, en Serbie, en 1987, d’un partisan de la Grande Serbie, Slobodan Milosevic.
La stratégie mise en œuvre par Milosevic est inspirée du " Mémorandum pour la Grande Serbie ", rédigé en 1986 par l’Académie des sciences de Belgrade. Il affirme que les frontières de la Serbie doivent être étendues jusqu’à englober toutes les terres où reposent des Serbes. Par Serbes, il faut entendre ici une définition ethnique : est serbe toute personne dont le serbo-croate est la langue maternelle et qui confesse la foi orthodoxe.
Après la guerre qui déchira la Slovénie, puis la Croatie, et enfin la Bosnie-Herzégovine (1991-95), le conflit ethnique s’est poursuivi à l’intérieur même des frontières de la Serbie, dans la région du Kosovo.
Plusieurs options sont aujourd’hui ouvertes :
1) La déportation
Certains partisans de la Grande Serbie, confinés dans les frontières de l’actuelle Serbie souhaitent son appropriation intégrale par l’ethnie serbe. Ils projettent donc l’épuration ethnique du Kosovo, dans lequel ils ne représentent pourtant qu’un dizième de la population. Cette épuration suppose l’expulsion de tous les autres groupes ethniques (Albanais, Tsiganes, Turcs, Serbophones convertis à l’Islam, etc.), soit plus de deux millions de personnes.
2) La partition
D’autres partisans de la Grande Serbie se contenteraient de " faire la part du feu " en conservant les lieux saints de l’orthodoxie et en acceptant l’indépendance d’une autre partie du Kosovo. Dans cet état d’esprit, Aleksandar Despic, président de l’Académie des sciences de Belgrade, a tracé un nouveau découpage des communes qui comprend outre les lieux saints et quelques richesses économiques, les zones où se trouvent concentrées des populations ethniquement serbes. C’est cette option qui avait été choisie, pour la Bosnie-Herzégovine, avec le plan Vance/Owen (1993), et qui échoua.
3) Le régionalisme
Les partis modérés serbes prônent une réorganisation administrative de l’actuelle Serbie, Kosovo inclus. L’ensemble serait découpé en plusieurs régions administratives, de tailles équivalentes. Le Kosovo lui-même serait divisé en deux. Cet émiettement équilibrerait les forces et pacifierait les relations. Les régions pourraient alors plus facilement développer leurs cultures particulières.
4) L’autonomisme
Dans la mesure où la Fédération yougoslave fonctionnait fort bien de 1974 à 1987, on peut imaginer un retour au statu quo ante. Le Kosovo retrouverait une autonomie substantielle au sein de la Serbie, c’est-à-dire une situation juridique comparable à celle de la Catalogne en Espagne. Cette proposition ne tient pas compte de l’évolution du contexte. La Yougoslavie ne comprend plus aujourd’hui que deux républiques sur les six d’alors. Le rapport de forces n’est plus le même et l’esprit de conciliation a fait place à la haine.
5) Le fédéralisme
Le PPK d’Adem Demaçi propose de réconcilier le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le respect de l’intégrité territoriale de la RFY en réorganisant celle-ci en une sorte d’États-Unis des Balkans. L’actuelle Serbie perdrait non seulement le Kosovo, mais aussi la Voïvodine et le Sandjak. Avec le Monténégro, la Balkanie comprendrait donc cinq États fédérés.
6) L’indépendance
Le LDK d’Ibrahim Rugova et l’UÇK revendiquent l’indépendance du Kosovo. Pendant une période transitoire, de deux ou trois ans, la Kosova Republika serait protégée en étant placée sous protectorat international. Mais on voit mal, dans ce cas, comment les populations ethniquement non albanaises pourraient y subsister.
Les organisations intergouvernementales (Groupe de contact, ONU, OSCE) ont tenté de concilier droit des minorités et respect de l’intégrité territoriale des États souverains. Elles ont donc tenté de convaincre les parties au conflit d’adopter les options autonomiste ou fédéraliste.
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