« Annonce du début des frappes contre l’Irak »
President Bush Addresses the Nation
Service de presse de la Maison Blanche
[AUTEUR] George W. Bush est président des États-Unis d’Amérique.
[RESUME] Les forces américaines et de coalition viennent de commencer les opérations militaires pour désarmer l’Irak, pour libérer son peuple et défendre le monde d’une grave menace. Sur mon ordre, les forces de la coalition ont frappé des cibles militaires importantes sélectionnées. Nous sommes soutenus par plus de 35 pays qui ont choisi d’assumer leur devoir et de partager l’honneur de servir notre défense commune.
À tous les hommes et femmes des forces armées des États-Unis au Proche-Orient, je veux dire : la paix d’un monde troublé et les espoirs d’un peuple oppressé dépendent de vous. Les ennemis vont bientôt connaître votre bravoure et le peuple que vous allez libérer sera témoin de votre esprit honorable. Saddam Hussein ne respecte pas le droit de la guerre et il utilise les civils comme boucliers humains pour ses militaires ; nous ferons cependant tout pour éviter de toucher les civils.
Cette campagne sera peut-être plus longue et plus difficile que certains ne le prédisent, et aider les Irakiens à construire un pays uni, stable et libre demandera un engagement soutenu. Nous respectons les Irakiens, leur civilisation et leur foi, et nous n’avons pas d’autres ambitions en Irak que la suppression d’une menace et la libération de la population.
Des millions d’Américains prient pour les militaires américains et pour la protection des innocents. Les forces de coalition font tout pour que nous ne soyons plus à la merci d’un régime hors-la-loi possédant des armes de destruction massive. Pour que le conflit soit court nous allons engager toutes nos forces.
Nous allons défendre notre liberté et l’apporter aux autres. Que Dieu bénisse notre pays et ceux qui le défendent.
« La France continuera à agir pour que les crises trouvent des solutions dans le cadre de l’ONU »
Déclaration de M. Jacques Chirac, président de la République
Service de presse de l’Élysée (France)
[AUTEUR] Jacques Chirac est président de la République française.
[RESUME] La France regrette que les actions militaires en Irak aient commencé sans l’aval de l’ONU et je souhaite que ces opérations soient les plus rapides et les moins meurtrières possibles, et qu’elles ne conduisent pas à une catastrophe humanitaire. Les efforts de la France et de bien d’autres pays pour convaincre que le nécessaire désarmement de l’Irak pouvait être obtenu pacifiquement n’ont pas abouti et ce conflit sera lourd de conséquences.
La France, fidèle à ses principes, continuera à agir pour que les crises trouvent des solutions justes et durables dans le cadre des Nations Unies. Demain, il faudra nous retrouver avec nos alliés et toute la communauté internationale pour relever ensemble les défis qui nous attendent. De même, l’Europe ne doit pas rester inachevée, elle doit exprimer sa propre vision du monde et la soutenir par une défense commune crédible.
J’ai demandé au Premier ministre de réunir le gouvernement pour mettre en œuvre les dispositions en matière de sécurité, d’économie ou de cohésion nationale que la situation exige.
« Saddam a rendu notre région plus dangereuse »
Saddam has endangered our region
The Independant (Royaume-Uni)
[AUTEUR] Hosni Moubarak est président de la République d’Égypte. Cette tribune est adaptée d’un discours télévisé à destination de la population égyptienne.
[RESUME] Une solution de la crise irakienne devrait se baser sur la légitimité internationale et, en dépit de l’échec de la diplomatie internationale, des efforts doivent être faits pour maintenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak. Il nous faut aussi tenir compte de la nécessité d’alléger les souffrances des Irakiens tout en refreinant l’usage de la force pour changer le régime. De plus, les problèmes de la région doivent être analysés dans leur ensemble et nous ne pouvons pas nous concentrer sur l’Irak seul et perdre de vue la question palestinienne.
Le gouvernement irakien doit reconnaître qu’il s’est mis, et toute la région avec lui, dans une situation dangereuse en envahissant le Koweït, en 1990, et en ne faisant rien pour regagner la confiance de la communauté internationale. Le monde doit faire de son mieux pour assurer la stabilité du Proche-Orient, protéger le peuple irakien et les ressources pétrolières massives. Nous avons la responsabilité de sauver la sécurité et la stabilité de la région arabe.
« Une route rocailleuse vers la paix au Proche-Orient »
Rocky road to Middle East peace
Washington Times (États-Unis)
[AUTEUR] Zaman Shoval est ancien ambassadeur israélien aux États-Unis. Il est conseiller du Premier ministre israélien Ariel Sharon.
[RESUME] Alors que tous les yeux étaient braqués sur l’Irak, George W. Bush a prononcé une déclaration importante concernant le conflit israélo-arabe. Certains l’ont interprétée comme un signe en direction de José-Maria Aznar et Tony Blair. Cependant, il ne faut pas oublier les mots du président : l’Amérique veut créer un Proche-Orient plus stable et les Palestiniens ont une chance de se gouverner eux-mêmes s’ils changent de direction politique et mettent fin à la corruption.
Washington et Jérusalem attendent de voir si Mahmoud Abbas (alias Abu Mazen) sera confirmé au poste de Premier ministre par le Parlement, s’il arrêtera le terrorisme et la violence et entamera de vraies négociations avec Israël. Abu Mazen a été un négationniste de l’Holocauste, mais il s’est prononcé récemment contre le terrorisme. Nous verrons s’il a vraiment changé.
La déclaration du président visait à assurer la paix dans tout le Proche-Orient et pas simplement dans le conflit israélo-palestinien, qui n’est pas la principale cause d’instabilité dans la région. Toutefois, contrairement à ce que certains experts affirment, l’après-guerre peut favoriser la solution du problème palestinien, car sans l’aide de Saddam Hussein aux terroristes, les Palestiniens qui veulent la paix et la démocratie seront plus forts.
Aujourd’hui, même si le « plan de route pour la paix » a été proposé par le quatuor diplomatique, seuls les États-Unis peuvent avoir le poids pour le défendre car les Européens, surtout les Français, et les Russes ont perdu toute légitimité politique et morale pour jouer un rôle dans la paix et la stabilité de la région, en raison de leur position sur l’Irak. En effet, la France a succombé à une « folie de grandeur » [1] inspirée par sa nostalgie pour son passé impérial. Elle veut s’imposer au Proche-Orient et dans le monde aux dépends des États-Unis.
Les États-Unis ont compris, contrairement aux Européens et à l’ONU, que la chute de Saddam Hussein apporterait plus de stabilité au Proche-Orient et que seule la fin de la violence palestinienne permettrait de faire des progrès. Contrairement à ce que prétendent certains Européens et Arabes, l’administration Bush est engagée dans la résolution du conflit israélo-arabe. Rappelons que Yasser Arafat avait rejeté le plan Clinton en 2000 qui lui donnait 97 à 98 % de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.
Après la chute de Saddam Hussein nous pouvons espérer un règlement du problème.
« Un tyran dangereux, une peur infernale : les États-Unis n’avaient pas d’alternative »
A Dangerous Tyrant, a Hellish Fear : The U.S. Didn’t Have an Alternative
Los Angeles Times (États-Unis)
[AUTEUR] Kenneth M. Pollack est membre du Center for Foreign Policy Studies de la Brooking Institution et du Council on Foreign Relations. Il est ancien membre du National Security Council et ancien analyste militaire spécialisé sur les question iraniennes et irakiennes à la CIA (1988-1995).
[RESUME] La guerre que nous venons de commencer est absolument nécessaire pour la sécurité des États-Unis, la stabilité du monde et le bien du peuple irakien. En effet, Saddam Hussein est un tyran brutal et dangereux. Il cherche à acquérir l’arme nucléaire. Il est responsable de la mort de plus d’un million d’Irakiens. Il a attaqué cinq États et en a menacé d’autres. Il veut dominer la région par la force et a refusé d’appliquer 17 résolutions de l’ONU.
Aujourd’hui, plus aucun gouvernement ne doute que l’Irak continue de développer des armes de destruction massive et il est évident que l’endiguement ne fonctionne pas. La guerre est obligatoire, mais elle reste une affaire compliquée. L’administration Bush a commis des erreurs qui la rendent plus dangereuse.
En effet, la concentration sur l’Irak a détourné les États-Unis de la guerre au terrorisme et nous a fait perdre des alliés. L’administration Bush avait eu raison de chercher l’accord de l’ONU, mais elle a eu le tort de parier exclusivement sur les inspections. En outre, elle a fait preuve de beaucoup trop d’arrogance et n’a pas reconnu l’importance du retour des Israéliens et des Palestiniens à la table des négociations. L’administration Bush a fait par contre un bon travail dans sa gestion des tensions entre Turcs et Kurdes et dans son anticipation de l’instabilité en Jordanie.
En ce qui concerne les plans de reconstruction après guerre, l’administration Bush a un résultat mitigé. Elle a certes promis de faire un effort massif de reconstruction, mais elle a échoué à rassurer les Arabes sur ses intentions colonisatrices en rejetant la participation de l’ONU dans la reconstruction.
Si la guerre et ses suites sont couronnées de succès, tout sera pardonné mais, dans le cas contraire, les États-Unis auront de graves difficultés dans l’avenir.
« Déterminé concernant la guerre »
Resolute About War
Moscow Times (Russie)
[AUTEUR] Alexander Vershbow est ambassadeur états-unien en Russie.
[RESUME] Quatre mois et demi après l’adoption de la résolution 1441 et douze ans après la fin de la guerre du Golfe, nous sommes arrivés, comme l’a dit le président George W. Bush, à un moment de vérité et de décision.
L’Irak n’a pas saisi sa dernière chance et il doit être désarmé par la force. Le régime irakien n’a fait que de petites concessions afin de distraire l’attention de ses armes chimiques et biologiques. Pour mettre fin à douze ans de tromperie, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Espagne ont essayé d’obtenir une nouvelle résolution. Mais nous avons compris que nous ne pourrions pas l’obtenir lorsque la France a annoncé qu’elle opposerait son veto. Cela n’empêche pas que nous sommes soutenus par 30 pays qui sont prêts à désarmer l’Irak, conséquence logique de la résolution 1441.
L’ONU a été constituée pour assurer la sécurité de ses membres et les États-Unis restent dans cette logique. Colin Powell a affirmé que le Conseil de Sécurité avait échoué au test que représentait l’Irak. Tony Blair a ajouté que, si la communauté internationale était restée unie autour de la résolution 1441, le désarmement de l’Irak aurait eu lieu sans un coup de feu.
Les États-Unis et la Russie sont en désaccord sur l’Irak, mais nous dépasserons cela car nous sommes engagés ensemble contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et pour développer les échanges énergétiques entre nos pays. Nous surmonterons ce désaccord comme nous l’avons fait concernant le traité ABM. Nous pouvons chercher ensemble l’adoption d’une nouvelle résolution qui réaffirmera l’intégrité territoriale de l’Irak, mettra en place une aide humanitaire et installera une administration de l’ONU après le conflit.
Nous devons mettre de côté nos différences avec nos amis et alliés et travailler ensemble pour la paix, la liberté et la sécurité du peuple irakien.
« Reconnaître le désespoir et mettre en lumière les progrès de la "prévention morale" »
Acknowledge despair, highlight progress on ’moral preemption’
Christian Science Monitor (États-Unis)
[AUTEURS] L’Archevêque Desmond Tutu reçut le Prix Nobel de la paix en 1984. Ian Urbina est rédacteur au Middle East Research and Information Project (MERIP) de Washington.
[RESUME] Il est difficile de ne pas se sentir désespéré et impuissant face à cette horrible situation alors que des millions de personnes dans le monde se battent pour éviter la guerre en Irak et quand les bombes tomberont, ils ressentiront un profond vide émotionnel.
Quand nous négociions la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, l’assassinat de Chris Hani en 1993 nous avait laissé penser que nous avions perdu toute chance de mettre fin à ce régime, pourtant l’apartheid a pris fin. Aujourd’hui, comme à l’époque, nous devons quand même continuer à espérer.
En effet, jamais dans l’Histoire l’opposition mondiale à une guerre n’a été aussi forte avant même qu’elle n’ait commencé. Des pays, même parmi les plus pauvres du monde, ont vu leur gouvernement préférer suivre leur population plutôt que d’accepter des sommes énormes et soutenir la guerre. L’énergie mobilisée ne doit pas se dissiper. Ce n’est que le début. Nous devons soutenir la paix au Proche-Orient et demander l’application de toutes les résolutions de l’ONU dans la région. Nous devons également rester attentifs à l’application des promesses concernant un Irak démocratique.
« Pourquoi les Britanniques sont indispensables »
Pourquoi les Britanniques sont indispensables
Le Figaro (France)
[AUTEUR] Concepteur d’une théorie originale des relations internationales qui affirme la prééminence de la géoéconomie sur la géopolitique, Edward N. Luttwak est membre du National Security Study Group du département de la Défense états-unien. Il est également membre du Center for Strategic and International Studies.
[RESUME] Dans la préparation de la guerre en Irak, le poids diplomatique du Royaume-Uni a toujours été important, mais sa contribution militaire a été appréciée très différemment selon les périodes. Il a même été question que les Américains se passent d’eux.
Tony Blair a vacillé un moment avant de trouver son salut grâce aux Conservateurs. Donald Rumsfeld avait alors déclaré que les États-Unis pouvaient se passer d’une participation britannique. Depuis, Rumsfeld est revenu sur ses déclarations et Blair a repris pied. Cette influence retrouvée du Royaume-Uni est due à l’attitude butée de Jacques Chirac mais surtout aux différents changements de tactiques.
Au départ, très satisfait par le déroulement des opérations en Afghanistan et par la qualité des commandos et de l’aviation britanniques, le département de la Défense voulait faire jouer un grand rôle à une offensive contre Bagdad que Rumsfeld espérait rapide. Les militaires américains s’étaient élevés dans la presse contre cette tactique qui minimisait leur rôle Сette campagne médiatique n’aurait pas eu un grand poids si Donald Rumsfeld et Dick Cheney n’avaient pas dû se plier à la décision de George W. Bush d’accorder du temps à Colin Powell pour négocier un accord de l’ONU.
Cette recherche d’un consensus diplomatique a abouti à un changement de tactique et à l’adoption d’une stratégie qui employait plus de forces états-uniennes, qui devaient attaquer par le Nord, et qui diminuait donc le poids de la contribution britannique. Toutefois, avec le refus d’Ankara de laisser les troupes états-uniennes se déployer sur le sol turc, les troupes britanniques redevenaient indispensables, et tout particulièrement la brigade britannique aérienne d’assaut.
C’est pourquoi un retrait britannique de dernière minute était impensable.
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