Mes chers compatriotes,
Nous avons tenté d’éviter la guerre. Jusqu’à la dernière minute.
Je suis certain qu’il y aurait eu un autre moyen de désarmer le dictateur. Ce moyen, ce sont les Nations Unies. Je suis ému de voir que cette attitude est également celle de la grande majorité des Allemands, de la majorité du Conseil de sécurité et de la majorité des peuples du monde. C’est la mauvaise décision qui a été prise. La logique de guerre est parvenue à s’imposer face aux chances de paix. Des milliers de personnes vont en souffrir terriblement.
Mais ce n’est pas le moment de proférer des accusations ni de faire le compte de ce qui n’a pas été fait. Ce qu’il nous reste à faire maintenant doit concerner l’avenir : la guerre a commencé. Elle doit cesser le plus rapidement possible. Les bombes pleuvent. Nous espérons que le nombre des victimes parmi la population civile sera aussi limité que possible.
Notre position est inchangée : l’Allemagne ne participe pas à cette guerre. Notre pays ne restera cependant pas sur la touche quand il s’agira d’aider nos semblables. Nous sommes prêts à fournir une aide humanitaire dans le cadre des Nations Unies. Nous sommes prêts à venir en aide aux réfugiés en leur fournissant des aliments, des médicaments et des vêtements. Nous sommes prêts à soigner les soldats blessés. Et nous sommes prêts bien entendu à faire de notre mieux pour contribuer, sous l’égide des Nations Unies, à la mise en place, après la fin de la guerre, d’un système politique, qui, nous l’espérons, sera un ordre de paix pour l’Iraq et toute la région.
J’ai dit plus haut que c’était la mauvaise décision qui avait été prise. C’est là notre conviction, et il faut qu’elle soit exprimée clairement. Cette conviction, nous la partageons avec le président Chirac, le président Poutine et beaucoup d’autres éminents responsables politiques de la planète. Les dissensions sur la guerre sont très clairement des divergences de vues entre gouvernements, et non des divergences profondes entre peuples amis. L’essence même de nos relations avec les États-Unis d’Amérique n’est pas mise en péril.
Les peuples du monde souhaitent la paix. Ils souhaitent la primauté du droit, fondement de toute liberté. C’est ce pour quoi nous oeuvrons. L’Allemagne, je vous l’avais assuré, ne participe pas à cette guerre contre l’Iraq. Mais il est bien évident qu’elle s’acquittera de ses engagements dans le cadre de l’OTAN.
Mes chers compatriotes,
Ceux qui, parmi vous, sont plus âgés que moi savent ce que signifie la guerre. Ils l’ont vécue, ou devrais-je dire, ils y ont survécu. Depuis, la paix règne dans notre pays. Et la sécurité intérieure. Cette sécurité n’est pas en danger. Certes, nul ne peut exclure des attentats terroristes quelque part dans le monde, chez nous non plus. C’est la raison pour laquelle les forces de police et de sécurité sont appelées maintenant, partout en Europe, à faire preuve de la plus grande vigilance. Mais il n’y a, en Allemagne, aucune raison de paniquer ni de s’inquiéter particulièrement. Je vous assure que la Fédération et les Länder ont tout fait pour garantir le maximum de sécurité possible dans notre pays. Vous pouvez avoir confiance.
Je partage avec vous l’espoir de voir cesser rapidement la guerre en Iraq. Je l’espère pour tous ceux qui sont directement concernés, qu’il s’agisse de civils ou de soldats. Et je l’espère aussi parce que le monde, dans l’intérêt de notre avenir à tous, doit retrouver le plus vite possible le chemin de la paix.
Source : Gouvernement fédéral d’Allemagne
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