« Vers la création d’un système de prévention des défis et menaces contemporaines »

Vers la création d’un système de prévention des défis et menaces contemporaines
Diplomatitcheski iéjégodnik (Russie)
Réseau Voltaire

[AUTEUR] Igor Ivanov est ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

[RESUME] Le 11 septembre 2001, la communauté internationale a compris que le terrorisme était un défi auquel il faudrait faire face durant le XXIème siècle. Nous avons réussi à former une large coalition et il faut, dans le cadre de l’ONU, s’appuyer sur elle pour mettre en place un système de sécurité collective efficace.
Il faut que nous consolidions la base légale de la lutte antiterroriste et il nous faut avancer dans les discussions de la Convention globale de la lutte contre le terrorisme et la Convention contre les attentats nucléaires. Il faut aussi rédiger un code efficace de défense des Droits de l’homme contre le terrorisme. Pour que ces textes ne restent pas lettres mortes, nous devons développer les dispositifs de coopérations internationaux et la Russie développe ses liens dans ce sens avec les autres puissances : les États-Unis, la Chine, l’Inde et les membres de l’Union Européenne.
L’autre danger auquel nous faisons face est la prolifération des armes de destruction massive. Nous devons intensifier nos efforts en nous appuyant sur les traités existants, en les renforçant et en les universalisant. Dans ce domaine, il nous faut prévenir la spatialisation des armes. La Russie propose depuis longtemps que l’espace soit libre d’armes en tout genre.
Nous devons soutenir les éléments de la Charte de l’ONU qui promeuvent le règlement pacifique des différends. Il faut renforcer le rôle leader de l’ONU dans la pacification. Pour lutter contre le terrorisme nous devons également nous attaquer aux racines du mal : les inégalités économiques. Il faut aussi nous pencher sur les problèmes environnementaux de façon multilatérale. C’est pour faire face à toutes ces questions que la Fédération de Russie avait appelé, en 2001, à la création d’un système global d’opposition aux menaces et défis modernes. Or, pour coordonner ces actions multilatérales, nous avons besoin de l’ONU.
Le nouveau système devra devenir l’étalon de la légitimité dans le nouvel ordre mondial.

« La prévention n’est pas le modèle »

Preemption Is Not The Model
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Mohamed ElBaradei est directeur général de l’International Atomic Energy Agency.

[RESUME] Aujourd’hui, dix à quinze pays essayeraient d’obtenir des armes de destruction massive. On peut espérer qu’ils ne seront pas tous traités de la même façon que l’Irak.
Nous avons raté l’opportunité qu’offrait la fin du monde bipolaire en ne créant pas un système de sécurité collective. Aucune politique de lutte contre la prolifération ne sera efficace tant qu’un tel système n’existera pas. Aucun pays n’acceptera en effet d’abandonner ses armes tant qu’il se sentira menacé. Ce n’est pas un hasard si les États qui cherchent le plus possible à posséder d’armes de destruction massive sont des pays du Proche-Orient, une région où les conflits durent depuis 50 ans. Il nous faut donc réformer l’ONU pour qu’elle puisse mieux répondre aux nouvelles réalités.
Il ne faut pas traiter les symptômes, mais les racines des conflits : la division entre riches et pauvres, les conflits entre cultures et les régimes brutaux. En outre, tant qu’un seul pays possèdera des armes de destruction massive et des armes nucléaires, les autres tenteront d’en obtenir.

« Toujours partenaire dans le terrorisme »

Partners in terror, still
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEURS] David Rivkin et Lee Casey sont avocats au cabinet Baker & Hostetler à Washington. Ils ont été conseillers du département de la Justice sous les administrations Reagan et Bush père.

[RESUME] Saddam Hussein était un fervent partisan du terrorisme. La destruction de son régime a permis de progresser dans la guerre que nous menons contre ces groupes avec l’arrestation d’Abu Abbas, recherché par l’Italie et les États-Unis pour le détournement de l’Achille Lauro et le meurtre de Leon Klinghoffer en 1985.
Toute l’équipe d’Abbas avait été arrêtée alors qu’elle se rendait à Tunis, siège de l’OLP à l’époque, et avait été condamnée en Italie. Abbas avait également été jugé par contumace et condamné à la prison à perpétuité. Dès que son arrestation a été annoncée, l’Autorité palestinienne a pris sa défense, sans plaider son innocence, en prétendant que, selon les Accords d’Oslo, plus aucun Palestinien ne pouvait être condamné pour des crimes commis avant le 13 septembre 1993. Cet argument ne tient pas car les États-Unis ne sont signataires de ces accords qu’à titre de témoin, les termes de l’accord n’engagent qu’Israël et les Palestiniens. Washington a donc rapidement rejeté l’argument et la seule question qui se pose encore est de savoir si Abbas purgera sa peine en Italie ou sera jugé aux États-Unis où il encourt la peine de mort.
L’attitude de l’Autorité palestinienne dans cette affaire laisse penser qu’elle n’est pas sincère dans sa condamnation du terrorisme et qu’elle n’est donc pas un partenaire avec lequel on peut négocier un traité de paix. Le fait qu’Abu Abbas ne soit plus un terroriste depuis longtemps et qu’il ait déclaré que le détournement de l’Achille Lauro était une erreur ne change rien à l’attitude de l’Autorité palestinienne. Il ne faut pas donner l’impression que les anciens terroristes peuvent échapper à la justice.

« Le jeu de pouvoir des islamistes »

Islamist power play
Washington Times

[AUTEUR] Frank J. Gaffney Jr est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. Le Réseau Voltaire lui a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] La nomination de Daniel Pipes à l’US Institute of Peace a provoqué une polémique. Elle prouve que l’administration Bush cherche à réparer les erreurs commises auparavant. La Maison Blanche semble en effet avoir enfin admis que si tous les musulmans ne sont pas des islamistes, tous les islamistes se déclarent musulmans et qu’il faut faire attention au traitement réservé à certaines organisations musulmanes qui sont en fait des groupes faisant la promotion du terrorisme islamiste.
Certains de ces groupes se sont opposés à la libération de l’Irak et au renforcement des lois anti-terroristes en les présentant comme des injustices commises contre les musulmans. Pourtant, jusqu’ici, l’administration n’avait pas coupé les ponts avec ces groupes et ceux-ci profitaient des audiences qu’ils avaient obtenues pour se donner une légitimité. Ces groupes pro-islamistes se sont opposés à la nomination de Pipes et ont demandé au Sénat de la rejeter. Ironiquement, ces groupes révèlent ainsi leur vraie nature car Pipes ne s’oppose pas aux musulmans, mais aux islamistes.
George W. Bush doit résister aux pressions et maintenir la nomination.

[CONTEXTE] L’année dernière, Daniel Pipes avait orchestré une campagne aux États-Unis contre le Réseau Voltaire, intervenant à notre sujet sur diverses chaînes de télévision (CNN, Fox, NSMBC).
L’Institut pour la paix est un centre de recherche bipartisan placé sous l’égide du Congrès des États-Unis. 12 de ses 15 administrateurs sont nommés par le président et confirmés par le Sénat.

« Un ancien oléoduc israélo-irakien… réouvert ? »

An old Israel-Iraq oil line ... reopening ?
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] John K. Cooley est un auteur états-unien et un ancien grand reporter au Proche-Orient et en Afrique du Nord pendant plus de 40 ans du Christian Science Monitor. Il est l’auteur de CIA et Jihad, 1950-2001.

[RESUME] Rien ne pouvait plus saper la crédibilité des affirmations de la Coalition concernant la restitution des revenus du pétrole aux Irakiens que la récente requête israélienne réclamant la réouverture du pipe-line Kirkuk-Haïfa (Irak-Jordanie-Israël) fermé depuis 1948.
Le ministre israélien des infrastructures, Joseph Paritzky, a déclaré que les discussions en ce sens allaient bientôt commencer avec la Jordanie, ce qu’Amman a démenti. Pour les néo-conservateurs, l’Irak doit bientôt passer un accord avec Israël en ce sens et se rapprocher d’Ariel Sharon bien que techniquement les deux pays soient toujours en guerre depuis 1948. L’administration Bush va vraisemblablement insister pour que l’oléoduc soit reconstruit avec l’aide d’entreprises états-uniennes. Politiquement, une telle décision est susceptible d’enflammer la région.

« La liberté, à l’américaine »

Freedom, American-Style
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Roger Morris a été membre du National Security Council sous les administrations Johnson et Nixon. Il est l’auteur de plusieurs livres sur les politiques étrangères états-uniennes et est en train de rédiger un livre sur les actions secrètes des États-Unis en Asie centrale.

[RESUME] L’actuelle politique des États-Unis, bien que présentée comme une « libération » de l’Irak porte en germe une future résistance populaire. En effet, Amhed Chalabi, le candidat du Pentagone à la succession de Saddam Hussein est un ancien banquier convaincu de détournement de fonds par la justice jordanienne, entouré par une milice payée par les États-Unis et n’ayant pas le soutien de la population. Déjà, des manifestations rejetant à la fois le régime de Saddam Hussein et la présence états-unienne ont eu lieu à An Najaf.
En réalité, Washington a rarement installé de véritables démocraties dans les 50 dernières années, même l’Allemagne a surtout été conçue comme un allié dans la Guerre froide avec l’aide d’anciens nazis installé à Bonn et le Japon a vu s’installer une oligarchie. Dans le dernier demi-siècle, les États-Unis sont intervenus cinq fois en Irak pour s’assurer que Bagdad n’irait pas à l’encontre des intérêts de Washington. La population en a ressenti une vive frustration et une démocratie réelle entraînerait sans doute la victoire de mouvements anti-américains. On peut noter cependant que dans l’administration Bush et dans l’état-major, il n’y a pas de réels experts de ce pays, hormis Richard Perle et Paul Wolfowitz, qui ont des liens étroits avec Israël.