« Le terrorisme nucléaire : uni contre la plus grave des menaces »

Nuclear terrorism : Unite against the gravest threat
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Sam Nunn est ancien président de la commission de la défense du Sénat des États-Unis et coprésident du Nuclear Threat Initiative.

[RESUME] Le plus grand danger est aujourd’hui la menace des armes de destruction massive et les terroristes sont les plus susceptibles de les utiliser. Lors du sommet du G8 à Évian, les États qui se sont divisés sur l’Irak doivent aborder la question de façon à travailler ensemble. Éviter la diffusion et l’usage de ces armes doit être la principale préoccupation concernant la sécurité au XXIème siècle. L’engagement pris l’année dernière au sommet du Canada de dépenser dans ce but 20 milliards de dollars en 10 ans semble montrer que le G8 l’a compris.
Pour l’instant, les terroristes ne sont pas encore parvenus à acquérir des matières fissibles nécessaires à la construction d’une bombe atomique, mais il reste 120 tonnes de plutonium et d’uranium enrichi non sécurisées en Russie. Il est urgent que les dirigeants du G8 annoncent combien leurs pays sont prêts à donner et quand pour combattre le terrorisme. Les sites nucléaires les plus dangereux et les plus vulnérables doivent être déterminés pour bénéficier de l’aide la plus urgente.
Il faut une collaboration mondiale pour résoudre cette question. Si nous agissons ensemble, nos enfants ont une chance de survivre à cet âge de terreur et d’en construire un meilleur, plus sûr pour leurs enfants.

« Encourager la prolifération »

Encouraging Proliferation
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Jose Goldemberg était ministre brésilien de la Science et de la technologie au moment de l’accord bilatéral de désarmement nucléaire avec l’Argentine. Il est actuellement ministre de l’Environnement de l’État de Sao Paulo.

[RESUME] Il est important de comprendre la logique qui a poussé des États à accepter le traité de non-prolifération nucléaire dans les années 60. De nombreux pays à cette époque n’avaient ni l’intérêt, ni la capacité, d’adopter ce type d’armes. Ils le signèrent donc. Mais pour d’autres, le choix fut différent :
 Les pays riches comme le Japon et l’Allemagne auraient pu les acquérir facilement, mais ils ont considéré qu’il était plus intéressant de rester sous le parapluie américain.
 Les pays comme le Pakistan, la Corée du Nord, Israël et l’Afrique du Sud n’avaient pas à l’époque de liens forts avec les États-Unis ou l’URSS et sentaient leur existence menacée, ils l’acquirent donc.
 Les pays comme le Brésil, l’Argentine et l’Inde les ont acquises pour des raisons de prestiges et parce qu’ils se sentaient menacés.
Finalement, les États-Unis ont échoué à empêcher le Pakistan et l’Inde d’en posséder, mais ils ont réussi en Afrique du Sud. L’Argentine et le Brésil ont décidé de les abandonner également. Toutefois, au moment de ce choix, nous pensions que les pays non-nucléaires ne risquaient pas d’être visés par ce type d’arme, ce que les États-Unis semblent aujourd’hui démentir avec leur interrogation sur l’usage de ce type d’arme en Irak avant la guerre.
Cette attitude a relancé la pression exercée par les groupes favorables à ce type d’arme en Amérique du Sud et ailleurs. C’est pourquoi les États-Unis doivent cesser de proférer de telles menaces.

« Spatial : la vieille Europe "is back" »

Spatial : la vieille Europe "is back"
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Le professeur Christian Cabal est député UMP de la Loire, et président du groupe parlementaire de l’espace.

[RESUME] Au XVème siècle, la Chine interrompit ses découvertes maritimes, adopta une posture isolationniste et déclina alors qu’à la même époque, l’Europe entamait son expansion historique. Expansion qui trouve son aboutissement indirectement avec le premier pas d’un Américain sur la Lune en juillet 1969.
L’Europe, grâce à George Pompidou, pris aussi le chemin de la conquête spatiale et créa l’Agence spatiale européenne (ESA). Aujourd’hui, le domaine spatial trouve des aboutissements dans notre vie quotidienne, mais c’est avant tout une question essentielle en ce qui concerne la domination de la planète. En effet, aucune opération militaire ne peut plus avoir lieu sans les outils de communication et d’observation. Les États-Unis ont compris l’importance d’être un État pionnier dans ce domaine et ils ont alloué un budget de 40 milliards de dollars, dont 23 pour la seule défense, à ce domaine.
Aujourd’hui, l’Union européenne doit faire un choix et étudie le rapprochement de l’ESA et de la Commission européenne. Ce travail commun a connu des succès dans la période 2001 et 2003 dont le point d’orgue devrait être l’inscription du domaine spatial comme compétence communautaire dans les travaux de la Convention européenne, mais ces succès cachent difficilement les divergences entre petits et grands États de l’UE, entre partisans d’un rapprochement avec les États-Unis et partisans de l’indépendance de l’Europe, voire d’un souverainisme européen.
Aujourd’hui, les sommes allouées au secteur spatial sont insuffisantes et les entreprises de ce secteur mal en point. Il faut que l’Union européenne redevienne ambitieuse dans ce domaine sous peine de subir un décrochage technologique irréversible.

« Une Russie de retour »

A Russia Resurgent
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Anders Aslund, est membre de la Carnegie Endowment for International Peace et auteur de Building Capitalism : The Transformation of the Former Soviet Bloc.

[RESUME] Lorsque Tony Blair a rencontré Vladimir Poutine à Moscou, il a été accueilli par une question sur l’endroit où se trouvait Saddam Hussein et par une autre sur la localisation des armes de destruction massive « si elles existent vraiment ». [George W. Bush] qui se rend à Saint-Pétersbourg ce week-end doit s’attendre au même type d’accueil.
Le président Poutine a soutenu la guerre au terrorisme, la guerre en Afghanistan et l’installation de bases militaires états-uniennes en Asie centrale et il n’a presque rien obtenu en retour. Pire, il a assisté à l’élargissement de l’OTAN et à la fin du traité ABM, ce qui l’a mis dans une position difficile en Russie. C’est cette situation qui a poussé Moscou à s’associer au duo franco-allemand s’opposant à la guerre en Irak, outre le fait que l’Allemagne importe deux fois plus de biens russes que les États-Unis.
Par ailleurs, les États-Unis ont désormais peu à offrir à la Russie car l’industrie pétrolière du pays n’a plus besoin d’investissements et fonctionne par elle-même. Le pays n’a plus besoin de liquidités après quatre années de croissance économique à plus de 6%. L’entrée dans l’OMC lève de nombreuses oppositions internes. Au contraire, la Russie a des moyens de pression sur les États-Unis avec la créance sur l’Irak et l’aide au programme nucléaire iranien. Toutefois Poutine n’a aucun intérêt à entretenir de mauvaises relations avec les États-Unis.
Pendant 10 ans, les États-Unis ont dicté les termes de leurs relations avec la Russie, mais la guerre en Irak a montré que ce n’était plus le cas et que la Russie était de nouveau forte. C’est cette force que George W. Bush va rencontrer ce week-end.

« La folie de Blair a laissé l’Irak dans le chaos »

Blair’s folly has left Iraq in chaos
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Bernard Jenkin est député conservateur et ministre de la Défense du gouvernement fantôme de l’opposition. Il est revenu récemment d’un voyage en Irak.

[RESUME] Lors de sa visite au Koweït aujourd’hui, Tony Blair se verra sans doute poser cette question : que fait le Département pour le développement international (DFID) ? Il est évident aujourd’hui que Clare Short, qui était opposé à la guerre en Irak mais à qui le Premier ministre n’a pas demandé de respecter la solidarité gouvernementale, n’a rien préparé en raison de ses principes. Les 200 millions de livres débloqués pour aider l’Irak n’ont pas été dépensés.
On peut critiquer les Américains sur la gestion de l’après-guerre, mais pour eux au moins l’Office of Reconstruction and Humanitarian Affairs (ORHA) est à l’œuvre. Il travaille avec les militaires états-uniens à restaurer les administrations civiles irakiennes. Le DFID devrait être en liaison avec l’ORHA depuis des mois, mais ce n’est pas le cas. Aujourd’hui les militaires britanniques gèrent tant bien que mal la zone qu’ils contrôlent, mais ils ont besoin d’aide à Bassora et à Meysan. Dans ces zones, il n’existe aucun service public, les banques sont fermées et les Irakiens ne sont pas payés.
Cette situation était prévisible mais le DFID n’a rien préparé.

« Les métastases de la tumeur wahhabite »

Les métastases de la tumeur wahhabite
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Antoine Basbous est le fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes à Paris. Il est l’auteur de L’Arabie saoudite en question, de Bagdad à Riad. Ce qui suit est un synthèse de l’interview qu’il a accordé aujourd’hui au Figaro.

[RESUME] Après le 11 septembre, les États-Unis ont compris que le mal qui les avait frappés trouvait son origine en Arabie saoudite dans le wahhabisme, la religion d’État.
La guerre d’Irak leur a permis de trouver un moyen de substitution à long terme au pétrole saoudien, mais les Saoud conservent une chance d’échapper au divorce avec Washington et de garder leur pouvoir : reconnaître que le problème ne vient pas de l’étranger, mais bien de chez eux, prendre des mesures contre la mouvance Ben Laden et mettre fin à la culture de haine propagé par le wahhabisme. C’est tout l’enjeu des attentats du 12 mai à Riyad.
La tumeur wahhabite a déjà des métastases partout dans le monde. Les Saoudiens reconnaissent eux-mêmes que 90 % des mosquées en Occident sont construites avec leur argent. Il faut donc s’attaquer au cœur idéologique de cette menace en défendant une autre lecture du Coran que la haine contre les « impies » que propage les wahhabites. Les Saoud doivent comprendre la situation, sinon les chiites, classés eux aussi comme impies et qui revendiquent un traitement égal aux autres Saoudiens depuis la guerre d’Irak, demanderont l’autonomie et exploiteront pour eux seuls la riche région pétrolière où ils vivent.
La lutte contre le Wahhabisme ne sera pas facile car c’est un fondamentalisme contre lequel les pressions économiques seules ne peuvent pas fonctionner. Aujourd’hui, l’Occident est devenu une cible moins facile et Ben Laden s’en prend aux pays arabes, pensant que les régimes vont s’effondrer. Cela risque cependant de provoquer un divorce entre les islamistes et l’opinion publique arabe. Cela offre peut-être un répit aux régimes visés qui ont cependant intérêt à se réformer au plus vite.

« Entreprise terroriste ? »

Venture terrorism ?
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] [Daniel Pipes] est membre de l’US Institute of Peace. Il est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il est collaborateur de Benador Associates et a fondé Campus Watch, une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, l’investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Le lendemain des attentats au Maroc, les ministres de la Justice et de l’Intérieur marocain déclaraient que ces attaques portaient la marque des réseaux terroristes internationaux. Toutefois, depuis, l’enquête a démontré que les 14 kamikazes étaient des Marocains. En réalité, comme ce fut le cas pour les attentats du Kenya et de Tanzanie et comme l’ont démontré les procès de 2001, Al Qaïda sert de support à des organisations islamistes qui dirigent leurs opérations et leur recrutement de façon autonome.
Leurs dirigeants se rencontraient régulièrement en Afghanistan et coordonnaient leurs actions via Al Qaïda. Depuis la chute d l’Afghanistan, les dirigeants d’Al Qaïda ont perdu beaucoup de leurs moyens de communication et de financement. Certains dirigeants de l’organisation se cachaient dans le Nord de l’Irak avant la guerre et en Iran. Ailleurs Al Qaïda n’a plus de lieux sûrs où se cacher.
En fait, l’activité d’Al Qaïda se divisait en deux : des opérations qu’elle menait elle-même et des opérations où elle servait d’assistance technique et financières aux autres groupes. Elle est désormais incapable d’agir seule, mais les groupes autrefois aidés existent toujours et il faut donc parler désormais de mouvance Al Qaïda plus que d’un mouvement. Ce nouveau concept doit être pris en compte par les services de renseignements pour combattre le terrorisme plus efficacement.

« Ils refont la bataille de Maastricht qu’ils ont perdu il y a une décennie »

They are refighting the battle of Maastricht they lost a decade ago
The Times (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Jack Straw est ministre travailliste des Affaires étrangères britanniques.

[RESUME] À la différence des précédents gouvernements, nous faisons confiance à l’Europe et nous avons de bonnes raisons d’être confiants car il n’y a jamais eu autant de chance pour la Grande-Bretagne de façonner l’Europe.
En effet, l’élargissement de l’Europe est une grande victoire de la Grande-Bretagne car elle va transformer la politique européenne. Les nouveaux États membres ne veulent pas abandonner leur indépendance et leur souveraineté. Ils partagent donc la vision britannique de l’Union européenne. La future constitution européenne va également rappeler la primauté des États.
Certains croient que le traité constitutionnel va sonner le glas de la Grande-Bretagne en tant qu’État-nation, ressortant ainsi les vieux arguments qui avaient été utilisés au moment du débat sur le traité de Maastricht et qui s’étaient révélés faux. La seule proposition que ceux-là accepteraient de la part de la Convention européenne est la dissolution de l’UE. Les évènements récents nous ont montré que la politique étrangère commune ne nous lie pas les mains quoi qu’ils en disent. Nous ne devons pas suivre ceux qui voudraient que la Grande-Bretagne ne soit qu’un pays associé de l’UE, faisant de nous des membres de seconde classe.