À la conférence d’Herzliya, Ariel Sharon a rejoué à son jeu favori : brandir la question de la sécurité pour faire pression sur les Palestiniens et redéfinir les frontières d’Israël derrière le « mur de sécurité ». La sécurité est aussi l’excuse qui lui permet de s’attaquer aux civils dans les camps. Le « désengagement » unilatéral prôné par Sharon ne l’empêche pas cependant de se déclarer partisan de la « feuille de route » puisqu’il ne s’agirait que d’appliquer des mesures « temporaires » qui prendront fin quand l’Autorité palestinienne aura démantelé « l’infrastructure terroriste ».
Ce retrait des troupes est présenté comme une « douloureuse concession ». Sharon ne parle jamais de territoire « occupés » mais, au mieux, « disputés » car ses convictions fondées sur la Bible lui donnent la certitude qu’Israël a des droits sur toute la Palestine historique. Quand Sharon dit aux Palestiniens que sans action de leur part, Israël prendra des mesures unilatérales, il leur intime d’accepter par eux-mêmes de renoncer à des territoires sous peine de voir israël se servir plus encore. Sharon réaffirme le principe de « la paix contre la sécurité », mais ne veut pas entendre parler du principe « la paix contre les territoires ». Au contraire, il a réaffirmé à Herzliya que la reprise des négociations de la « feuille de route » ne mettrait pas un terme à ses projets.
L’argument de la sécurité lui offre la possibilité de procéder à des annexions et il veut profiter de la situation au Proche-Orient et de la présence états-unienne en Irak pour créer un État palestinien « temporaire ». Les dirigeants israéliens estiment que la guerre en Irak ouvre la voie à un remodelage de la région qui pourrait permettre pour certains un « transfert » des Palestiniens afin de ne pas avoir un problème démographique avec les Arabes. Cette question démographique est une constante des différents projets israéliens. Quel que soit le bord politique, toutes les propositions israéliennes comprennent toujours les éléments suivant :
– La reconnaissance du caractère juif d’Israël et l’abandon du droit au retour.
– L’annexion de la plus grande partie du grand Jérusalem et la présence de l’armée israélienne pour des questions de sécurité dans les lieux de culte juif en territoire palestinien.
– Les demandes de sécurité israéliennes doivent être satisfaites avant les négociations.
– L’État palestinien ne sera pas pleinement souverain.
– La coexistence préalable avec un État palestinien « temporaire » est préférable.
Face à ces demandes, alors que l’élection présidentielle états-unienne offre à Sharon la possibilité d’appliquer sa politique, les Palestiniens doivent retrouver leur unité qui passe par la démocratisation de nos institutions.
« Different bottles, same wine », par Nayef Hawatmeh, Al-Ahram, 16 janvier 2004.
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