Il est souvent difficile d’expliquer aux étrangers ce qu’est vraiment notre élection présidentielle. Nous nous accrochons à un système bipartisan comme la Rome impériale s’accrochait aux deux consuls, vestige de l’ère républicaine. Ils régnaient cérémonieusement mais ce n’étaient pas eux qui décidaient des politiques.
Depuis Roosevelt, les présidents états-uniens, qu’ils se présentent comme républicains ou démocrates, jouent aux apprentis sorciers et font construire des armes de plus en plus chères par une main d’œuvre de plus en plus craintive en raison de l’attitude des médias. Ces derniers n’analysent plus, n’informent plus, ils définissent un ennemi maléfique qui accumule des armes de destruction massive (comme nous le faisons) pour nous anéantir.
Comment la population, habituée à ce qu’on lui mente, se comportera-t-elle aux prochaines élections alors que les candidats dépensent des milliards pour nous présenter une fausse image de notre (de leur) union ? Un électeur sur deux n’ira pas voter. De plus en plus d’électeurs considèrent que la politique irakienne était un erreur et on peut donc penser que la saison des primaires sera secouée par des évènements importants quand on sait lire entre les lignes des Pravda de Rupert Murdoch.
Les mouvements anti-guerre organisent de grandes manifestations dont les médias ne parlent pas. Les trois favoris des primaires démocrates sont des candidats anti-guerre (même si Howard Dean
est le seul à s’y être toujours opposé). Si George W. Bush perd, ce que les médias n’envisagent même pas, ça sera entièrement dû à une réaction classique de l’électorat contre les guerres étrangères et surtout les guerres impériales. 60 % des Américains continuent de croire que l’Irak et Al Qaïda sont liés, mais le mouvement anti-impérialiste ne cesse de croître. Bush a permis de créer une scission dans le pays entre les impérialistes et les anti-impérialistes. Les médias sont furieux contre cette orientation de l’élection qui s’éloigne de la norme qui consiste à débattre en attaquant la personnalité de l’adversaire. En outre, Bush a rendu évident le caractère corrompu de notre système politique et peut-être que les élections qui suivront celles-ci porteront sur la nécessité d’une nouvelle constitution.
« The war against lies », par Gore Vidal, The Independant, 18 janvier 2004.
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