En octobre dernier, j’ai vu trop de veuves lors de la messe en mémoire des soldats tués en Irak. Tony Blair, lui, a gardé ses distances. Il n’y a pas de plus grand test pour juger la direction d’un pays par un homme politique qu’une période de guerre car à ce moment chaque décision touche à la vie ou à la mort de nos soldats, des combattants ennemis ou de civils.
Le Premier ministre a convaincu un Parlement hésitant que Saddam Hussein était une menace immédiate et qu’il possédait des armes de destruction massive. Depuis, 58 de nos soldats sont morts, mais on n’a pas trouvé d’armes de destruction massive. Je crois que l’erreur de jugement du Premier ministre a été désastreuse et, aujourd’hui, 48 % des Britanniques pensent qu’il a menti.
La Commission Hutton a pour mission d’éclaircir les conditions de la mort de David Kelly, mais pas de nous éclairer sur les raisons qui ont poussé Blair à nous envoyer en Irak sur la foi de fausses informations. Je ne dirai pas qu’il a menti car je pense que c’est une accusation grave, mais je voudrais savoir ce qui a faussé son jugement et comment il a pu se tromper à ce point. Qu’il l’ait fait sciemment ou non, Blair nous a mal dirigé.
Il faut nommer une nouvelle commission indépendante, qui analysera ce qui s’est passé afin que la confiance dans les institutions soient restaurées, mais je ne pense pas qu’elle aura lieu car les conservateurs ont été les principaux défenseurs de la guerre et que si Blair l’avait voulu, elle serait déjà au travail. Le Parlement ne demandera pas une enquête, mais cela n’empêchera pas mon parti de poser des questions au Parlement.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

« Mr Blair misled us - and now he is looking silly », par Charles Kennedy, The Independant, 28 janvier 2004.