Le Japon a peut-être retrouvé sa souveraineté en 1952, mais la décision de déployer des troupes en Irak au début du mois a rappelé aux citoyens japonais le peu d’indépendance dont le pays disposait réellement. Si Tony Blair est le caniche de George W. Bush, Junichiro Koizumi est son cocker.
Le Japon est toujours occupé par l’armée états-unienne et sa politique étrangère est entièrement soumise aux désirs de Washington. Beaucoup de Japonais pensent que le Premier ministre a été trop faible pour s’opposer aux volontés du président états-unien. Ils sont 52% à s’opposer aux déploiements de troupes japonaise en Irak et 82 % à ne pas croire les motifs invoqués par Koizumi pour le justifier. L’administration Bush aime à présenter le Japon comme un modèle de reconstruction réussi, mais elle oublie de préciser que l’île d’Okinawa a été une colonie du Pentagone jusqu’en 1972 et qu’il y reste 38 bases militaires états-uniennes. Les 1,3 millions d’habitants de l’île doivent supporter l’attitude intolérable des GI’s.
À Washington, c’est Richard L. Armitage qui est chargé de conserver le Japon dans l’orbite états-unienne et il a fait pression pendant un an sur le Premier ministre pour qu’il aide les États-Unis. Dès sa réélection en septembre, Koizumi a fait adopter un texte permettant le déploiement des troupes en Irak, un texte qui va a l’encontre de l’article 9 de la constitution japonaise interdisant le déploiement de militaires en dehors de ses frontières. Trois des anciens responsables du parti de Koizumi n’ont pas pris part au vote.
Les troupes japonaises sont en danger en Irak à cause des attaques et du territoire qu’ils doivent garder, fortement touché par les armes à l’uranium appauvri, et le Japon est désormais une cible pour Al Qaïda. Il est regrettable que, comme au Royaume-Uni et en Australie, le gouvernement n’ait pas écouté sa population et mette ainsi un terme à l’idéalisme de sa constitution.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Tokyo Lets Loose Lapdogs of War », par Chalmers Johnson, Los Angeles Times, 18 février 2004.