Les publicités annonçant la prochaine sortie de film de Mel Gibson, La passion du Christ, peuvent facilement être tournées en dérision, tout comme l’est la location de salles par des pasteurs évangéliques pour leur congrégation ou les déclarations sur le film de son acteur principal James Caviezel. Le film, qui décrit les douze dernières heures de la vie de Jésus et dont le budget de 30 millions de dollars a été principalement financé par Mel Gibson lui-même, a commencé comme une blague à Hollywood et est sur le point de devenir un des succès du box-office.
Cela ne devrait être que positif on suppose puisqu’il s’agit d’une question centrale pour la Chrétienté et que c’est là-dessus que s’appuient bien des aspects positifs de notre civilisation. Mais les juifs, ou au moins, certains juifs, ne semblent pas le penser. L’American Jewish Congress craint que le film n’inclut le verset de l’Évangile selon Saint Matthieu où Pilate dit à la foule des juifs qui a préféré gracier Barabas à Jésus « Que les conséquences de sa mort retombent sur nous et sur nos enfants ». Ce verset a causé d’ignobles problèmes pour les juifs jusqu’au Troisième Reich.
Toutefois, Vatican II a amnistié les juifs, jugeant que c’était l’humanité dans son ensemble qui avait tué Jésus, et en tant que juive moi-même, je ne me sens pas responsable. Abraham Foxman, de l’Anti-Defamation League, s’est pourtant déclaré choqué par le film qui présenterait les juifs, et quelques Romains, comme les seuls personnages négatifs de l’histoire. Ce faisant, il attise l’intérêt pour le film de personnes qui n’auraient pas forcément été voir un film en araméen et en latin. Personne ne peut vraiment croire qu’un film suffit à réveiller l’antisémitisme latent. Quand les juifs construisent des mémoriaux de l’Holocauste, ils le font pour se souvenir d’un élément important de leur histoire, pas pour attiser la haine anti-allemande. De même, Mel Gibson cherche à faire reparler de sa foi à une époque où la chrétienté s’affaiblit.
« Mel Gibson’s ’Passion of Christ’ is an act of faith, not hatred », par Barbara Amiel, Daily Telegraph, 23 février 2004.
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