Après le « péril jaune » et la « menace rouge », Samuel Huntington a ajouté un nouveau sujet de haine et de délit de faciès à la liste des divisions manichéennes entre « bons » et « méchant » : « la menace marron ». Ce n’est bien sûr pas comme ça qu’il le présente mais c’est ce que signifie son dernier article. Après avoir opposé l’islam à l’occident dans son « choc des civilisations », il stigmatise à présent la menace mexicaine aux États-Unis.
Pour lui les Mexicains ne vivent pas aux États-Unis, ils les envahissent, ils ne travaillent pas, ils exploitent, ils ne créent pas de richesses, ils entretiennent la pauvreté. Pourtant, les travailleurs mexicains ne viennent aux États-Unis que parce qu’il y existe une demande de main d’oeuvre. Ils créent de la richesse et ils s’intègrent de mieux en mieux. Les Hispaniques ne sont pas les « balkanisateurs » des États-Unis comme le prétend Huntington. Ils chérissent leurs valeurs traditionnelles, comme le font les Américains d’origine italienne, irlandaise ou chinoise, mais ils ne préparent pas une « reconquista » des territoires perdus en 1848.
Le symbole de l’irrédentisme de ces populations, selon Huntington, est l’emploi de la langue espagnole mais il devrait savoir que la plupart des populations des pays européens parlent plusieurs langues et que c’est l’isolation qui fait périr les cultures. En réalité, les Hispaniques enrichissent la culture états-unienne et réduire leur présence nuirait à l’économie de ce pays.
On peut se demander à quel groupe ethnique sera destiné la prochaine attaque d’Huntington.
« Wrongheaded Assault on a ’Brown Peril’ », par Carlos Fuentes, Los Angeles Times, 14 mars 2004
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