Pendant la Guerre froide, l’objectif des États-Unis était d’endiguer et si possible de vaincre l’empire soviétique, tout en évitant une apocalypse nucléaire. C’est pourquoi Truman s’arrêta avant la victoire totale en Corée, Eisenhower n’aida pas les Hongrois et Kennedy ne tenta pas de raser le Mur de Berlin. Quand l’URSS s’est effondrée et que les États-Unis sont restés la seule superpuissance, certains ont cru qu’il était temps de redéfinir la politique étrangère et que le réalisme en politique étrangère faisait partie de la vieille pensée politique défaitiste.
C’est une erreur : le réalisme et le pragmatisme doivent guider notre action extérieure. L’extrémisme dans la défense de la liberté reste de l’extrémisme. Cette tendance n’a pas commencé avec les républicains, mais avec les interventionnistes libéraux qui affirmaient que les États-Unis devaient intervenir partout au nom du « bien universel ». Les conseillers de Kerry devraient se souvenir qu’au Kosovo, en 1999, nous n’avions pas obtenu de vote du Conseil de sécurité et que Milosevic n’avait ni connections terroristes, ni armes de destruction massive. Par ailleurs, l’attaque de l’Irak a été largement préparée par Clinton en 1998.
Après le 11 septembre, il y avait deux alternatives à la guerre en Irak : l’endiguement soutenant les inspections et une guerre qui aurait obtenu l’aval du Conseil de sécurité grâce à des négociations où nous aurions tenu compte des intérêts des autres nations. La priorité des États-Unis est la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Les valeurs démocratiques n’entrent pas dans ce schéma.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Pragmatism Matters in Foreign Policy », par Dimitri Simes, Los Angeles Times, 29 mars 2004.