L’interdiction absolue de la torture, pierre angulaire de l’édifice international des Droits de l’homme, est aujourd’hui en péril. Personne ne dénie aux gouvernements le droit et même le devoir de défendre leurs concitoyens. Le terrorisme représente en effet une grave menace et face à un danger immédiat, certains droits peuvent être limités temporairement. Toutefois, le droit à ne pas être torturé ne fait pas partie de ces droits qu’on peut suspendre. C’est un droit inaliénable.
Beaucoup de pays membres de l’ONU ignorent cette interdiction. Il existe une tendance insidieuse dans l’affirmation que le monde a changé et qu’il faut revenir sur l’interdiction. Deux phénomènes ont un effet corrosif sur l’interdiction de la torture. Le premier est le transfert de prisonniers vers des pays qui pratique la torture en échange d’ « assurances » diplomatiques qu’ils ne seront pas torturés. Le second phénomène est la création d’un nombre inconnu de centres de détentions secrets. Ces types de détention facilitent l’emploi de la torture.
Je demande à tous les gouvernements de :
 Condamner la torture.
 Interdire les transferts de prisonniers dans des pays où la torture se pratique.
 Juger les responsables de tortures.
 Interdire l’usage d’informations obtenues sous la torture.
 Ratifier le traité d’interdiction et ses protocoles additionnels.

Source
International Herald Tribune (France)
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« No exceptions to the ban on torture », par Louise Arbour, International Herald Tribune, 5 décembre 2005.