Les changements d’attitude de la Maison-Blanche ont été une aubaine politique pour les Frères musulmans. Avant le 11 septembre, ils avaient quasiment disparus de l’échiquier politique. Des groupes plus récents et plus radicaux attiraient les plus jeunes tandis que les Frères musulmans, qui avaient publiquement renoncé au terrorisme, flottaient dans un vide politique, bien plus proches de la Christian Coalition que d’Al Qaïda.
Mais une nouvelle génération de leaders politiques est apparue, dont de nombreux diplômés d’universités étrangères, et c’est elle qui oriente désormais le discours politique de la confrérie. Les concepts de « démocratie » et de « liberté individuelle » ont presque totalement remplacé la traditionnelle ligne politique « L’Islam est la solution ».
J’ai récemment rencontré le Dr. Mohamed El Sayed Habib, le vice président de la confrérie. Diplôme en géologie de l’université du Missouri en 1978, il affirme garder des contacts étroits avec bon nombre des personnes rencontrées là-bas. Il reconnaît même une affinité idéologique avec le président George W. Bush. « Une des principales raisons du succès de Bush aux dernières élections a été son soutien aux valeurs familiales, » se référant à la lutte du président contre l’avortement et l’homosexualité, deux choses que Habib condamne également car étant « opposés au dessein de Dieu tel qu’édicté dans les lois naturelles ». « J’admire [Bush] pour ses prises de position sur ces points, » ajoute-t-il.
A quoi ressemblerait une Égypte dirigée par les Frères musulmans ? Seraient-ils des amis ou des ennemis des États-Unis ? Habib est vague sur ce point, comme il l’est sur presque toutes les questions pratiques de gouvernance. Ce flou politique est la principale raison pour laquelle les modernistes ne craignent pas, dans l’immédiat, une prise de pouvoir islamiste dans le pays. « Ils n’ont pas de vision ni de politique pour la gouvernance de ce pays, » explique Ashraf El-Feel, le fondateur du parti d’opposition Al Ghad. Mais, dans la perspective, de plus en plus proche, d’une Egypte sans Hosni Moubarak, toutes les options restent ouvertes.
« The Brotherhood returns », par Robert Zeliger, The New York Press, 7 décembre 2005.
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