Condoleezza Rice sera interrogée en public seulement sur la question du terrorisme avant le 11 septembre, mais sa négligence et son incompétence marquent l’intégralité de la politique étrangère de George W. Bush. Elle a notamment un rôle central dans la destruction du processus de paix au Proche-Orient.
En janvier 2002, elle demanda à Flynt Leverett de faire des propositions concernant une paix au Proche-Orient, sans craindre la controverse. Il imagina un plan traitant de la sécurité, de la réforme politique palestinienne et de Jérusalem se rapprochant des propositions de Bill Clinton, mais Rice le refusa car cela aurait obligé Bush à affronter Ariel Sharon. Le 4 avril 2002, Bush prononça un discours où il appelait à la création de « deux États » sans en préciser les modalités et Colin Powell partit dans la région peu après, accompagné de Leverett. Il amorça des discussions qui furent interrompues par Rice qui exigea que tout plan de paix place l’intégralité des responsabilités sur les Palestiniens. Leverett affirme que Rice représente les intérêts des néo-conservateurs sur cette question.
Leverett rédigea la « feuille de route », mais Rice s’opposa à sa publication car Sharon s’y opposait. Ce n’est que suite aux pressions de Tony Blair, à la veille de la Guerre d’Irak, que ce texte fut publié. Aussi, pour le saper, elle nomma Elliott Abrams comme coordinateur pour le Proche-Orient au National Security Council.
Cette question et les politiques menées avant le 11 septembre offrent une image de l’administration où le président ne comprend pas les conséquences de ses politiques, où le secrétaire d’État est instinctivement subordonné, où le vice-président dirige une cabale de néo-conservateurs incarnant le pouvoir derrière le trône et une conseillère de sécurité trompeuse.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Some more questions for Condoleezza », par Sidney Blumenthal , The Guardian, 8 avril 2004.