Le signe le plus sinistre pour le futur de l’Irak est l’effondrement des forces de sécurité indigènes mises en place par l’Autorité provisoire de la Coalition. Peu de policiers ont résisté aux activistes de Moqtada al Sadr. Beaucoup ont rejoint ses milices ou ont déserté. La moitié de l’armée irakienne s’est mutinée et les services de renseignement n’ont pas fourni de renseignements pertinents. Des éléments du Corps de défense civil irakien, censé devenir un groupe paramilitaire, se sont aussi mutinés et ont peut-être été impliqués dans le meurtre et la mutilation de quatre Américains à Faludja.
Tous les membres des forces de sécurité irakiennes n’ont pas manqué à leur devoir, mais suffisamment pour que l’Autorité provisoire de la Coalition revoie ses plans et notamment accorde un droit de veto sur les nominations dans les services de sécurité aux partis représentés au conseil de gouvernement irakien. On notera en effet que parmi les forces qui se sont montrées les plus vaillantes contre l’insurrection, on trouve celles qui se sont illustrées dans la résistance à Saddam Hussein.
Contrairement à ce que certains ont affirmé, l’Autorité provisoire de la Coalition a eu raison de démanteler l’ancienne armée irakienne qui était essentiellement composée de conscrit ne souhaitant pas rester dans l’armée et dirigée par des criminels, partisans du parti Ba’as, aujourd’hui responsable des attaques de Faludja. Si Sadr a vu ses effectifs augmenter, c’est parce que les chiites sont mécontents de la tournure des évènements : la libération est devenue une occupation, la démocratie est repoussée et des membres du parti Ba’as reviennent à des postes importants. Il faut poursuivre la déba’asification et donner plus de pouvoirs à ceux qui ont combattu Saddam Hussein. Seule la souveraineté, la démocratie et la justice peuvent nous satisfaire maintenant.
« What Iraqis Want », par Ahmed Chalabi, Wall Street Journal, 17 avril 2004
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