Il paraît presque cruel de rappeler à ceux qui nous ont vendu la guerre en Irak ce qu’ils affirmaient à l’époque, mais c’est nécessaire car ils semblent l’oublier eux-mêmes. George W. Bush affirma « Saddam construit et cache des armes qui lui donneront la capacité d’intimider le monde civilisé », Donald Rumsfeld allait plus loin en affirmant « nous savons où elles se trouvent » et Tony Blair confirma ces déclarations. Aujourd’hui, cependant, Blair nous dit que Saddam Hussein avait simplement l’intention de développer ces armes, ce que nous savions tous. Pour empêcher qu’elles soient effectivement développées, la politique d’endiguement et d’inspection était suffisante. L’affirmation de leur existence réelle était essentielle à leur démonstration, car faute d’armes, il n’y avait pas urgence et donc aucun motif de mener des frappes préventives et à remercier Hans Blix.
Le gouvernement Blair n’a peut-être pas menti formellement, mais il a écarté les dossiers des services de renseignement qui mettaient en doute l’existence des armes de destruction massive irakiennes, des dossiers dont nous n’entendons parler qu’aujourd’hui. En mars 2003, j’ai discuté avec John Scarlett, le responsable du comité du renseignement britannique, à qui je fait part de mon doute sur le fait que Saddam Hussein dispose de missiles à longue portée chargés de têtes chimiques ou biologiques. Il me confirma mon opinion et affirma que Saddam Hussein détenait éventuellement des obus de ce type, mais qu’il les avait probablement démontés et répartis les pièces dans différents endroits pour qu’on ne les trouve pas. Ils n’étaient donc pas utilisables sur le champ de bataille.
Il est étrange qu’aujourd’hui Blair affirme que personne ne lui a présenté la question en ces termes. Si c’est vrai, c’est la plus grave erreur de communication dans l’histoire des services de renseignement.
« Blair and Scarlett told me Iraq had no usable weapons », par Robin Cook, The Guardian, 12 juillet 2004. Ce texte est adapté d’un extrait de la nouvelle édition du livre Point of Departure.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter