Les crises humanitaires sont trop fréquemment utilisées par les politiciens comme des opportunités en terme d’image, mais quand la rhétorique fait face à la réalité, il faut agir. Pour le Soudan, le moment est venu et l’ultimatum de l’ONU expire. J’ai approuvé la visite de Jack Straw au Soudan et je m’étais moi-même rendu dans le Sud du pays l’année dernière. Au Darfour, les causes du conflit sont à peu près les mêmes que dans le Sud, mais c’est l’échelle qui est différente puisque la situation se rapproche de ce qui s’est passé au Rwanda.
Comme dans le Sud, le gouvernement de Khartoum a encouragé des milices à faire son sale travail. L’USAID estime qu’au moins 80 000 personnes sont mortes au Darfour depuis février 2003, 1,2 million de personnes ont dû quitter leur maison et 1 000 personnes meurent chaque jour. Les atrocités sont indicibles et l’objectif de l’armée soudanaise, qui intègre les miliciens, est qu’elles continuent. Dans ces conditions, j’ai été surpris d’entendre M. Straw affirmer que la situation s’améliore et qu’il ne préconisait que des « sanctions » contre le Soudan. « Sanction » est généralement le terme employé pour nier son devoir moral à agir, un devoir mis en avant par Tony Blair en 2001, Robert Mugabe s’en accommode très bien depuis deux ans.
Pendant les massacres, le gouvernement était en vacance. La résolution de l’ONU est faible, mais une fois l’ultimatum terminé, l’Union africaine devrait intervenir. Il faut que le G8 lui prête assistance pour aider la population. Le Royaume-Uni doit demander un mandat de l’ONU fort et Tony Blair doit prouver que le devoir moral à agir n’était pas un vain mot.

Source
Daily Telegraph (Royaume-Uni)

« While Darfur suffered, Blair’s government went on holiday », par Michael Ancram, Daily Telegraph, 30 août 2004.