Vladimir Poutine s’est emporté après la tragédie de Beslan et a affirmé que personne n’avait le droit moral d’exiger de la Russie qu’elle discute avec des « tueurs d’enfants ». Il est en tout cas un endroit où personne ne lui reprochera son attitude : Israël.
Ariel Sharon a chaleureusement accueilli le ministre des Affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, dans une réunion visant à resserrer les liens entre Israël et la Russie dans le lutte contre le terrorisme. La sympathie vis-à-vis de la Russie après le drame de Beslan ne suffit pas à expliquer la solidarité des politiciens israéliens cette semaine. Silvan Shalom a en effet profité de la venue de son homologue russe pour affirmer qu’il n’y avait pas de différence entre le terrorisme à Beersheba et à Beslan. Ha’aretz a cité un responsable israélien anonyme affirmant que, maintenant, la Russie comprendrait qu’elle et Israël conduisent la même lutte contre « la menace globale du terrorisme islamique » et qu’elle serait plus attentive aux positions israéliennes.
La politique israélienne a pour point de départ la croyance que les Palestiniens ont pour but premier de détruire Israël. Dès lors, cela implique que la violence israélienne vis-à-vis des Palestiniens est un acte de légitime défense et que ceux qui s’y opposent sont des ennemis d’Israël. Poutine doit en prendre note. Le 12 septembre 2001, Benjamin Netanyahu avait déjà déclaré que les attentats aux États-Unis allaient renforcer les liens entre Israël et les États-Unis et, en effet, on a vu apparaître aux États-Unis ce qu’on a appelé la doctrine Bush, mais qu’il aurait fallu appeler la doctrine du Likoud. Ce parti est en train d’imposer sa philosophie dans le monde, d’abord aux États-Unis puis en Russie.
Cette doctrine constate l’accroissement des fondamentalismes dans l’islam, mais ne se demande jamais ce qui les fait naître et ignore le poids des politiques impériales dans ce processus. Sharon n’est pas le commandant en chef de la guerre au terrorisme, cet honneur douteux revient à George W. Bush, mais il en est assurément le mentor idéologique. Israël, un pays rongé par la peur, montre également ce à quoi mène la likoudisation du monde
« The Likudization of the world », par Naomi Klein, The Globe and Mail, 9 septembre 2004.
« The Likud doctrine », The Guardian, 10 septembre 2004
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