Beaucoup n’ont plus besoin qu’on leur démontre les liens entre le pillage des ressources irakiennes par les entreprises états-uniennes et l’action militaire états-unienne dans ce pays. En revanche, il y a une autre guerre « humanitaire » récente qui a permis un autre pillage et qui a été beaucoup moins observée : celle du Kosovo.
Les bombardements occidentaux ont été causés, selon l’histoire occidentale, par le refus de la Yougoslavie d’accepter les accords de Rambouillet. En fait ces accords contenaient des clauses secrètes prévoyant l’occupation militaire de toute la Yougoslavie, ce qui était inacceptables pour les autorités du pays. Le chapitre quatre de ces accords montrait de façon assez explicite les intérêts occidentaux dans cette affaire. Il était consacré à l’économie kosovare et appelait au développement d’une économie de marché et à la privatisation de toutes les entreprises publiques. À cette époque, il faut noter que la Yougoslavie était le dernier pays d’Europe à ne pas être colonisé par les capitaux étrangers. La Yougoslavie possédait des industries pétrolières, minières, automobiles et de tabac. 75 % d’entre elles étaient la propriété de l’État ou de ses employés en vertu d’une loi prévoyant qu’en cas de privatisation d’une entreprise, 60 % du capital devait appartenir aux salariés de l’entreprise. À Davos, en 1999, Tony Blair critiqua la Yougoslavie sur ce seul point, pas sur le Kosovo.
Durant la guerre, les attaques de la Coalition visèrent spécifiquement les industries publiques. Les frappes détruisirent 14 chars, mais touchèrent 372 entreprises, toutes publiques, aucune usine privée ne fut touchée. Après la chute de Milosevic, on abolit la loi de 1997 sur les privatisations et on autorisa les entreprises étrangères à posséder jusqu’à 70 % du capital des entreprises.
Le Kosovo possède la deuxième plus grande réserve de charbon d’Europe et de la lignite, du zinc, de l’or, de l’argent et du pétrole. Aujourd’hui, les autorités kosovares privatisent largement ces industries dans des conditions extrêmement avantageuses pour les investisseurs étrangèrs.
« The spoils of another war », par Neil Clark, The Guardian, 21 septembre 2004.
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