Amnesty International, dans un récent rapport, affirme que dans des affaires criminelles les forces de l’ordre aux États-Unis soupçonnent des personnes en fonction de leur race, leur religion, leur pays d’origine, leur ethnie ou leur appartenance religieuse, et cette pratique toucherait 32 millions de personnes aux États-Unis. Le rapport estime qu’une telle attitude sape la sécurité nationale. Les forces de l’ordre nient catégoriquement de tels comportements mais je suis d’accord avec Amnesty : ces pratiques existent. J’ajouterai même qu’elles permettent d’arrêter des personnes suspectées de terrorisme en les qualifiant de " témoins matériels ".
Prenons le cas d’Abdullah al Kidd, un américain converti à l’islam. Il a été interrogé pendant deux semaines par les forces de l’ordre en tant que témoin matériel, avant d’être libéré. Pour le FBI, il a été arrêté pour trois raisons : sont site internet précisait qu’il était intéressé par l’étude du jihad, il avait acheté des cassettes et des livres de scheiks radicaux et il possédait une vidéo sur les attentats du 11 septembre. Personnellement, entant que spécialiste de l’islam militant, on peut trouver chez moi les mêmes indices… mais comme je ne suis pas musulman, on ne m’a pas inquiété. Kidd a été retenu parce qu’il était musulman et il n’est pas le seul. Le 12 septembre 2001, deux musulmans indiens ont été arrêtés et ils n’ont été relâchés qu’un an plus tard. On pourrait en citer beaucoup d’autres et Anyana Mulhotra, de l’American Civil Liberties Union, a remarqué que sur les 57 personnes arrêtées comme " témoins matériels ", tous sauf un étaient musulmans.
Toutefois, comme l’a fait remarquer la Commission d’enquête sur le 11 septembre dans son rapport, le terrorisme islamique est une menace catastrophique pour les États-Unis. Il serait idiot par conséquent de consacrer plus de temps aux non-musulmans qu’aux musulmans. Amnesty a oublié de noter que ces mesures ont permis des arrestations de terroristes. L’objectif de cette organisation est de défendre les libertés civiles, pas les citoyens contre le terrorisme islamique. Pour ma part, je me soucie plus d’une action de mégaterrorisme que d’une personne détenue. Les gouvernements doivent cesser de nier la façon dont ils fondent leurs soupçons sur les individus.
« The price of war », par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 22 septembre 2004.
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