Nous faisons tous ce que les psychologues appellent des « validations heuristiques », des jugements sur l’avenir qui oublient le passé pour se focaliser sur des évènements récents troublant notre réflexion. Cette erreur a été faite par May Boswell, fin connaisseur du base-ball concernant les résultats des Yankee de New York, et si un aussi fin connaisseur que Boswell peut se tromper ainsi sur le base-ball, ne parlons même pas des erreurs émises à cause de ce phénomène par beaucoup de ceux qui parlent des relations internationales.
Ainsi, la sagesse populaire veut aujourd’hui que nous soyons en train de perdre en Irak ou que la « doctrine Bush » est finie. Un reporter du Washington Post a même affirmé que cette guerre avait discrédité les quatre principes de la politique de Bush : l’action préventive, l’unilatéralisme, la politique de promotion des réformes démocratiques et le positionnement de l’Irak comme pierre angulaire de la guerre au terrorisme. Je n’ai pas souvenir que ce quatrième point ait jamais fait partie de la doctrine Bush, mais passons, regardons les autres, sont-ils vraiment morts ?
Ce n’est pas Bush qui a fait de la promotion de la démocratie un objectif politique, c’est Woodrow Wilson et depuis c’est un des principes de la politique étrangère états-unienne. En ce qui concerne l’unilatéralisme ou les coalitions de circonstance, toutes les relations internationales ont toujours fonctionné ainsi à l’exception de la période de la Guerre froide, mais c’était une exception, pas la règle. Enfin, les frappes préventives ont toujours existé. Pour finir, il est possible que nous perdions en Irak, mais c’est peu probable.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Iraq and Averages », par Robert Kagan, Washington Post, 4 octobre 2004.
« Skewed views of ’Bush doctrine’ », Christian Science Monitor, 6 octobre2004.
« Logical errors can blind perceptions of policy », Gulf News, 7 octobre 2004.