Je veux parler de « notre » guerre au terrorisme pour la distinguer de celles de George W. Bush, d’Ariel Sharon et de Vladimir Poutine. Tous trois fondent leur guerre au terrorisme sur une énorme tromperie : convaincre leur population que l’on peut vaincre le terrorisme par la guerre. Or comme la guerre est la plus extrême des formes de terrorisme, la guerre au terrorisme est une contradiction dans les termes. Même dans leur définition limitée, la guerre au terrorisme est d’ailleurs un échec puisque d’après l’International Institute for Strategic Studies de Londres, 18 000 terroristes potentiels sont formés par al-Qaïda.
Il est étonnant dans ces conditions que la population estime que le président a fait du bon travail dans sa guerre au terrorisme. Je pense qu’il y a deux explications à cela. Premièrement, la presse n’a pas fait son travail : à savoir remettre en cause les affirmations du gouvernement et expliquer quelles seraient les conséquences humaines de la Guerre d’Irak, démontrer que nous allions terroriser d’autres population au nom de la lutte contre le terrorisme. Ensuite, l’opposition n’a proposé aucune alternative : John Kerry n’a donné aucune autre définition du terrorisme se contenant d’affirmer que la Guerre d’Irak était la mauvaise guerre au mauvais moment, au mauvais endroit. Cela veut-il dire qu’il y aurait eu une meilleure guerre à faire dans un meilleur endroit à un meilleur moment ? Il reste vague sur le sujet. Il n’a en tout cas jamais remis en cause l’idée selon laquelle la guerre est la bonne réponse contre le type d’attaque qui nous a frappé le 11 septembre.
Les actes terroristes doivent être condamnés, mais les actions militaires ne sont pas une solution. Pourtant, la population les approuve car la peur provoquée par les attentats la pousse à approuver toutes les solutions semblant affronter frontalement la cause de leur peur. Si Kerry n’offre pas d’alternative à la guerre au terrorisme, c’est à nous de le faire. La cause du terrorisme est la colère provoquée par la politique américaine au Moyen-Orient et ailleurs, il faut donc la changer.
« Our War on Terrorism », par Howard Zinn, The Progressive, édition de novembre 2004.
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