Imaginez qu’un président impérialiste décide d’intervenir agressivement dans un pays stratégique avec une démocratie fragile, de soutenir publiquement son favori, d’investir des millions dans sa campagne et d’ouvrir des centaines de bureaux de vote dans son pays pour que les « expatriés » puissent voter avant de se rendre lui-même dans la capitale du pays trois jours avant l’élection. Même Hamid Karzaï ou Iyad Allaoui auraient honte de telles méthodes si elles étaient utilisées par George W. Bush et le monde condamnerait alors un tel interventionnisme américain. Victor Yanukovych, Premier ministre et candidat à l’élection présidentielle ukrainienne a montré humblement sa reconnaissance pour tous les efforts déployés par Vladimir Poutine pour assurer son élection. Les gouvernements occidentaux y ont répondu par le silence.
L’enjeu de cette élection est pourtant de déterminer si un pays européen de la taille de la France, avec une population de 50 millions d’habitants, va rester une démocratie imparfaite ou glisser vers l’autoritarisme. Or, comme en 1947-48, Moscou est en train de manigancer pour s’assurer d’un résultat qui lui convient dans une élection étrangère. Cette affirmation n’est pas exagérée. Déjà, la semaine dernière Lukashenko, le président biélorusse, est devenu, au terme d’un référendum, l’équivalent d’un président à vie. Les sondages à la sortie des urnes de Gallup affirmaient pourtant que le « non » allait l’emporter, mais les résultats finaux donnent 77 % en faveur du « oui ». Aujourd’hui, la Russie a fourni la moitié des 600 millions de dollars de la campagne de Yanukovych et la télévision russe d’Étta, très regardée en Ukraine, fait sans cesse la promotion du Premier ministre. Moscou a installé 400 bureaux de vote en Russie, a envoyé ses conseillers en communication à Kiev et des popstars russes font des tournées en soutien à Yanukovych. En échange de ce soutien, le Premier ministre a promis de ne pas demander d’adhérer à l’OTAN, de promouvoir la double nationalité russo-ukrainienne et de favoriser le nouvel « espace économique commun ». Il appliquera aussi les mesures autoritaires de Poutine dans son pays.
L’Occident ne soutient Viktor Yushchenko qu’en privé et ne remet pas en cause l’impérialisme de Poutine, cela signifie qu’il va continuer à se développer.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Putin’s Unchallenged Imperialism », par Jackson Diehl, Washington Post, 24 octobre 2004.
« Putin’s imperialism goes on unchecked », Gulf News, 27 octobre 2004
« Putin’s unchallenged imperialism moves to Ukraine », Christian Science Monitor, 28 octobre 2004.