Cela fait trois semaines que j’arpente les États-Unis en faisant campagne contre George W. Bush. Il nous amenés dans une mauvaise direction, l’invasion de l’Irak était une erreur colossale, et seule sa défaite dans les urnes peut nous permettre d’échapper au bourbier. Cependant je ne suis pas rassuré par les sondages qui annoncent que John Kerry et George W. Bush sont au coude à coude. Kerry a gagné les trois débats mais le président Bush a invoqué sa foi et cela inspire ses partisans ; c’est une différence de philosophie.
Dans une société ouverte, il faut reconnaître que notre compréhension du monde est par essence imparfaite. C’est pour cela que la foi est importante : on ne peut être totalement sûrs de rien. Toutefois, il faut toujours garder en tête cette part de doute et assumer la possibilité que nous pouvons nous tromper. Bush, lui, au contraire, veut tordre la réalité jusqu’à ce que celle ci corresponde à ses croyances. Nous sommes la nation la plus puissante du monde. Personne ne peut nous vaincre, mais nous pouvons nous faire perdre nous même en nous enfonçant dans un bourbier, et les dirigeants qui ne peuvent pas reconnaître leurs erreurs nous y entraînent.
C’est pour cela que cette élection est la plus importante de ma vie. J’ai consacré 15 ans de ma vie et la moitié de ma fortune à la promotion de la démocratie mais je sais que l’on ne peut pas y parvenir par des moyens militaires. En employant ces moyens, le président a fait perdre aux États-Unis sa crédibilité comme champion des sociétés ouvertes. Bush a créé une insurrection en Irak, mais affirme que nous sommes davantage en sécurité. En outre, comme nos troupes sont en Irak, nous avons moins de capacité d’action et l’Iran et la Corée du nord en profitent.
Kerry sait tout cela et il est un homme nuancé face à une réalité complexe.
« Why I have campaigned across America to put John Kerry in the White House », par George Soros, The Independent, 2 novembre 2004
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